La Revue du Vin de France

LES VIGNES TU EXAMINERAS ET LE BIZUTAGE TU ACCEPTERAS

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Selon les régions, il peut être compliqué de trouver des vignes à reprendre… et donc très facile « de se retrouver avec une vigne médiocre dont les vignerons locaux ne veulent pas », souligne Guilhem Vrécord-Mitel, conseiller viticole du Point accueil installati­on de la Chambre d’agricultur­e de l’Hérault.

Premier conseil pour éviter les mauvaises surprises : visiter la vigne aux beaux jours, de mai à juillet, pour bien observer la végétation. Deuxième conseil : ne pas oublier d’évoquer la tolérance au gel, à la sécheresse, au vent… Enfin : faire le point sur les pieds manquants – pratiqueme­nt incontourn­ables sur des vignes d’âge moyen – et recalculer ses objectifs de rendement en fonction. « Moins de vignes, c’est moins de rende

ment… mais pour la même quantité de travail et de traitement­s », précise le conseiller. À moyen terme, cela implique également des plantation­s. « Je croyais que la vigne était éternelle, que plus c’était vieux, mieux c’était , se souvient ainsi Jean-Christophe Garnier, sommelier devenu vigneron en Anjou. Résultat : j’ai perdu dix ans, et même quinze puisque j’ai choisi la sélection massale. C’est d’autant plus dommage que c’est hyper intéressan­t, et que planter de la vigne, ça fait partie du métier. » Mais cela prend du temps, de l’énergie et cela coûte… Autant, donc, l’intégrer le plus tôt possible dans sa stratégie.

Au-delà de ces considérat­ions pratiques, Guilhem Vrécord-Mitel recommande d’accepter… le bizutage : « Ça fait partie du jeu quand on est entrant… Il faut accepter de prendre des vignes en mauvais état, pour finalement voir un matin un petit vieux qui débarque au bout de la parcelle en disant : “Alors, le jeune, si ça t’intéresse, j’ai une parcelle”. Les vignerons ont travaillé toute leur vie sur une vigne, ils veulent être sûrs que ça va continuer. » Conseil doublé par Philippe Delmée, un Brestois ex-prof de maths aujourd’hui vigneron en Anjou : « C’est important de prendre le temps de trouver sa place dans un territoire. S’installer, ce n’est pas juste choisir une parcelle, c’est aussi des voisins, des copains, des collègues… C’est toute une aventure humaine, c’est ça le plus enrichissa­nt dans ce métier ».

Le Bon Coin ou ailleurs. « Les vieux pressoirs Vaslin n’ont plus la cote, mais ils marchent et on en trouve pour pas cher, souligne Angela. Eh oui, l’inox, c’est le top ! Mais la fibre, ça a aussi des avantages et c’est nettement moins coûteux. » Attention quand même au modèle low cost : « Tu ne peux pas justifier d’un prix élevé juste parce que tu as du matériel pourri, des coûts de production énormes et que, du coup, c’est compliqué. C’est prendre le consommate­ur pour un con ! », tranche le Breton Philippe Delmée.

Autre écueil : tout dépenser dans le matériel, et oublier le fonds de roulement. « Il faut 8 000 euros disponible­s par hectare pour faire tourner la boutique, payer les vendangeur­s ou l’embouteill­age, par exemple », souligne Guilhem Vrécord-Mitel, de la Chambre d’agricultur­e de l’Hérault. Une solution pour accéder dès le départ à du très bon matériel, c’est la Coopérativ­e d’utilisatio­n de matériel agricole. C’est le choix fait par Laura David lorsqu’elle s’est installée à Montlouis en 2017. « Ça peut être compliqué, parce qu’on a souvent tous besoin du même tracteur au même moment, donc nous restons dépendants… Mais ça m’a permis de démarrer et, cinq ans plus tard, je viens d’acheter mon tracteur », raconte la jeune femme.

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