CONTRE LES ALÉAS DU CLIMAT TU TE PRÉMUNIRAS
région : Landron, Luneau-Papin, Cormerais… Il y a près de dix ans, lassés de devoir continuellement se battre contre la mauvaise réputation de leur vignoble, ces domaines ont retroussé leurs manches, recruté un agent commercial convaincu et entrepris de reconquérir Nantes, restaurant par restaurant. « À l’époque, on n’avait que des articles pour dire que tout allait mal, c’était glauque, se souvient Marie Chartier-Luneau, vigneronne au domaine Luneau-Papin. On a voulu changer ça. Parce que des vins de qualité, ça fait un bail qu’on sait en faire ici ! » La stratégie a payé, et l’association porte aujourd’hui une large part dans la remontada en cours du Muscadet.
Autre exemple, dans le Beaujolais et le Mâconnais, sept vignerons – Jean-Michel Dupré, Laurent Gauthier, Pascal Aufranc, Gérard Charvet, Pascal Berthier, Lucien Lardy et Robert Perroud – désireux de sortir du négoce ont créé en 1997 leur propre structure commerciale, Terroirs originels. Un sacré pari à l’époque, une vraie réussite aujourd’hui. L’entreprise gère tout ou partie de leurs besoins commerciaux, la logistique, le stockage et le marketing. Le tout dans une ambiance “familiale” et d’émulation collective.
Encore plus courante est la stratégie des salons. Réunis par affinités ou par région, les vignerons organisent leur propre “marché” pour attirer particuliers et professionnels, en dehors des rendez-vous institutionnels (beaucoup plus coûteux). Toutes les tailles et formats existent. Certains sont devenus incontournables, comme la Dive Bouteille à Saumur ou les Greniers Saint-Jean à Angers. À chaque événement son ambiance, ses valeurs et son public. Pour les vignerons, c’est aussi l’occasion de se positionner dans la galaxie des domaines.
La dernière décennie a été féconde en épisodes climatiques extrêmes pour le vignoble hexagonal, avec en point d’orgue l’année 2021 et un volume en baisse de 24 à 30 % par rapport à 2020 ! Le changement climatique est donc désormais un enjeu à prendre en compte pour les néo-vignerons souhaitant s’installer. Le choix de l’encépagement est, par exemple, crucial dans des régions où le soleil peut être dur. Opter pour des variétés résistant à la sécheresse paraît désormais approprié dans tout le sud de la France ! Y penser dès aujourd’hui, c’est prévoir le futur d’un domaine qui devra vivre avec une augmentation de température d’au moins 2° C d’ici la fin du siècle.
La prise en compte des catastrophes naturelles que sont la grêle, le gel ou les feux devient, elle aussi, obligatoire. La plupart des vignerons préfèrent croiser les doigts et n’agir qu’en cas d’alerte avérée, par exemple en allumant des bougies au pied des ceps pour les réchauffer ou en bâchant les rangs contre la grêle. Pourquoi pas… On n’est toutefois jamais à l’abri d’un épisode non prévu, et cela a un coût qu’il convient d’inclure dans son budget prévisionnel. Il est aussi possible d’opter pour une assurance multirisque. Mais si vous êtes correctement dédommagé du manque à gagner sur la perte de récolte en cas de sinistre, ces assurances ne prennent pas en compte le risque de perte de marché, si vos clients préfèrent se tourner vers la concurrence qui, elle, peut fournir des bouteilles car elle n’a pas été touchée par la grêle ou le gel. Vous l’aurez compris, il n’y a pas de recette miracle.•
FÉVRIER 2022 -