Brouilly, Chiroubles, Chénas, Régnié au gré de 36 lieux-dits
Cap ce mois-ci sur Brouilly, Côte de Brouilly, Régnié, Chénas, Chiroubles et quelques secteurs de l’appellation Beaujolais-Villages pour un singulier panorama de leurs lieux-dits cultivés comme des climats bourguignons.
En novembre, La Revue du vin de France entamait son examen des lieux-dits du Beaujolais, en commençant par Moulin-à-Vent et Fleurie (La RVF n° 655). Dans ce deuxième volet, nous abordons deux crus chers aux amateurs, Brouilly et Côte de Brouilly, ainsi que Chénas, Régnié, Chiroubles et certains secteurs intéressants de l’appellation Beaujolais-Villages, en particulier Lantignié et Leynes.
Les connaisseurs le savent et c’est l’intérêt de cette belle région, tous les gamays travaillés sur granite ont un gros potentiel en intensité minérale, souvent assorti d’une grande richesse de parfums. Mais certains sont plus éclatants que d’autres ! Notre dégustation permet de distinguer les zones géologiques qui donnent les meilleurs résultats, avec une mention spéciale pour une particularité locale, les fameuses pierres bleues, des roches volcaniques très présentes en Côte de Brouilly à L’Héronde et aussi, avec un peu moins d’intensité, à Brouilly, notamment vers La Chaize.
En Beaujolais comme ailleurs, c’est en travaillant avec finesse que le vigneron restitue le plus fidèlement le potentiel du cru. C’est hélas ! une confirmation, les vins issus de macération carbonique ou semi-carbonique, c’est-à-dire obtenus à partir de raisins non foulés et non égrappés enfermés quelques jours en cuves closes saturées en gaz carbonique, donnent des résultats souvent décevants. Beaucoup de vins affichent des expressions simples, souvent inégales.
LUMINEUX CHÂTEAU THIVIN
Les meilleurs vins sont issus de vinifications plus ambitieuses, sanctionnées par des élevages longs, un an et plus, permettant d’affiner le vin, de le fortifier aussi tout en faisant ressortir les expressions des lieux-dits. En Côte de Brouilly, le cru Godefroy du château Thivin, un vin lumineux qui combine intensité minérale, haute définition de tanins et une allonge phénoménale, constitue un bon exemple. Citons encore le lieu-dit Combiaty produit par le Manoir du Carra à Brouilly, un vin à l’approche épicée, au fruit juteux et à la finale saline. Régnié fait figure d’outsider et talonne de près les meilleurs crus. Il faut cibler les terroirs de granites, les plus intéressants.
En revanche, Chiroubles et Chénas nous ont proposé trop d’échantillons issus de macération en “carbo” ou “semicarbo”. C’est dommage, car le premier cru affiche une altitude plus élevée que la moyenne, ce qui amène naturellement de la fraîcheur dans les vins. Le second, riche en alluvions, a des dispositions pour livrer des vins délicats et fins.
Terminons en saluant l’atout numéro un des lieux-dits des crus du Beaujolais : leur extraordinaire rapport qualité/prix/ plaisir. Le dernier volet de notre série sera publié en avril 2022 et traitera les crus Morgon, Juliénas et Saint-Amour.