Les Étrusques, l’autre civilisation du vin
Dans le Gard, une exposition permet de découvrir que ce peuple longtemps resté secret a travaillé la vigne dès l’âge du bronze.
C’est une occasion unique : le musée de la Romanité de Nîmes consacre six mois à la civilisation étrusque. Ce peuple méconnu (du IXe siècle au Ier siècle avant notre ère), à l’origine d’une culture raffinée, joua un rôle primordial dans la pratique agraire de la vigne et la diffusion des usages du vin en Italie, bien avant la domination romaine. À l’égal des Grecs, son influence et ses réseaux commerciaux contribuèrent au développement de la viticulture et de la consommation du vin dans tout le pourtour méditerranéen. Preuve en fut faite avec la découverte en 1955 de l’épave d’un navire étrusque, dénommé La Love, contenant 170 amphores, échoué au Cap d’Antibes vers le milieu du VIe siècle avant notre ère.
Cette exposition permet de découvrir et de mieux comprendre les us et coutumes de la civilisation étrusque dont l’apogée se situe entre 580-480 avant notre ère, avant que la puissance de Rome ne prenne son essor et l’assimile puis la fasse disparaître. Ils régnèrent en Étrurie, un territoire qui correspond principalement à l’actuelle Toscane compris entre l’Arno, le cours supérieur du Tibre, jusqu’à la mer à Piombino, dans la province de Livourne.
JARRES, STAMNOS, OENOCHOÉ
Parmi les 140 oeuvres exposées à Nîmes, nombreuses sont les pièces consacrées au service du vin. Des jarres, des stamnos (sorte de vases décorés destinés à conserver le vin après l’avoir mélangé avec des aromates), des céramiques viniques attiques du Ve siècle avant notre ère importées et retrouvées au cours de fouilles, ainsi qu’une magnifique oenochoé (cruche à vin) en forme de double tête de Dionysos appartenant au Musée archéologique national de Florence et un splendide cratère en céramique avec glaçure noire en provenance du musée étrusque Guarnacci de Volterra. Cette initiative culturelle est d’autant plus importante qu’elle conforte la présence des Étrusques en Gaule, et particulièrement dans l’Hérault sur le site de Lattes, l’antique Lattara, une cité maritime fondée au VIe siècle avant notre ère. De récentes découvertes archéologiques y ont révélé la présence d’acide tartrique (le principal acide du vin provenant du raisin) sur des fragments d’amphores étrusques et sur une pierre ayant servi de pressoir, datant de 500 à 475 avant notre ère. Par ailleurs, l’hypothèse d’implantation locale de plants de vigne en provenance d’Italie y est largement débattue car elle remettrait en perspective les débuts de la viticulture dans notre pays.
MAI 2022 -
UN HÉRITAGE PRÉCIEUX
Raffinée, la civilisation étrusque a développé la consommation du vin, en témoignent les nombreux objets consacrés à son service.
Quoi qu’il en soit, la viticulture étrusque est une pratique que les archéobotanistes font débuter dans la péninsule italienne à l’âge du bronze avec des vignes sauvages. Au fil des siècles, au contact des autres peuplades, notamment avec les marchands des colonies de la Grande Grèce antique, ils se mirent à importer des vignes d’origine orientale qu’ils croisèrent avec des variétés locales. La typicité de leur viticulture réside dans l’ajout d’un tuteur – un tronc d’érable, d’orme ou d’olivier – au pied du cep sans pour autant que la treille interfère avec son support. Les experts qualifient cette pratique de vigne mariée, un mode de palissage où la vigne semble presque “mariée” à l’arbre sur lequel elle repose.
Quant à la vendange, les chantiers de fouilles ont révélé l’usage de faucilles et de longs instruments servant à couper les grappes en grimpant sur des escaliers appuyés contre les arbres. Des méthodes culturales adoptées par les Romains dans maints territoires de leur Empire.
De nos jours, alors que de plus en plus de viticulteurs pratiquent la permaculture, il serait sage qu’ils en remercient les Étrusques. Leurs vignes étaient déjà mélangées aux céréales, oliviers ou autres arbres fruitiers.
Exposition Étrusques, une civilisation de la Méditerranée, jusqu’au 23 octobre 2022 museedelaromanite.fr
BULLETIN D’ABONNEMENT
“DOUZE BOUTEILLES À LA MER”
Manu Guillot hérite de douze bouteilles découvertes dans la cave du grand-père écossais de son épouse. Parmi elles, un Chambertin 1802. Ce vin n’a rien à voir avec un Bourgogne. C’est un nectar très ancien, un très grand Madère ! Comment ce vin portugais a-t-il pu se retrouver dans une bouteille bourguignonne de 1802 ?
Que contiennent les onze autres bouteilles ? Et surtout, comment ces bouteilles vont-elles être à l’origine d’un incroyable revirement de situation pour le domaine de Manu au bord de la faillite ?