Le Rhône à la carte
De sa source à la Méditerranée, le Rhône prend forme depuis des siècles sur des cartes où, peu à peu, les vignobles font leur apparition. Topographiques ou cadastrales, elles nous offrent un autre regard sur le fleuve.
Depuis des siècles, le Rhône n’est plus seulement un fleuve navigable, une voie d’eau pour les échanges commerciaux, par lequel le vin transite pour voguer vers d’autres horizons. Il est aussi un long trait dessiné sur des cartes, à la plume ou à l’aquarelle pour les plus anciennes. Les premières servaient à illustrer le territoire et à placer villes et villages, reliefs et cours d’eau. Comme cette rarissime carte de la Provence, datant de 1591, où l’on découvre l’embouchure du Rhône avec ses multiples bras irriguant la Camargue.
Les cartes ont plusieurs usages : guider le marin, renseigner le militaire sur de futures conquêtes, ou permettre à l’État de tirer un impôt sur les terres répertoriées. Si la famille de cartographes Cassini a été la première à cartographier l’ensemble du royaume de France dès le XVIIIe siècle grâce à la technique de la triangulation géodésique, permettant de visualiser le territoire avec une relative précision, ce sont surtout les premiers cadastres napoléoniens, au début du XIXe siècle, qui vont montrer l’étendue des vignobles, dont ceux implantés le long du Rhône.
DES CADASTRES POUR DES IMPÔTS
Ces cartes, extrêmement précises, donnent à voir une photographie de l’état de la viticulture au début du Premier Empire. On prend véritablement la mesure de l’étendue des vignobles de Condrieu, d’Ampuis et de toute la vallée du Rhône. Les vignes sont présentes sur les coteaux les plus pentus, et tutoient les cultures d’arbres fruitiers. Sur ces territoires particulièrement escarpés, les vignes vont progressivement disparaître au cours du siècle suivant, notamment à cause de l’exode rural.
Grâce à ces cartes, on peut aussi observer le morcellement foncier autour des villages. À la fin de ce portfolio, nous comparons le cadastre napoléonien des parcelles jouxtant le château de Châteauneuf-du-Pape à l’actuel. Le nombre de lopins de terre a considérablement diminué au fil des remembrements successifs.