La vigne se réinstalle dans le Cantal
Chloé Chassang et quelques autres vignerons motivés ont juré de faire revivre la vigne dans le Cantal. Un sacré défi !
En Haute-Auvergne, le Cantal avait perdu ses vignes depuis un siècle. Mais tout change dans le vignoble. Le département compte aujourd’hui cinq vignerons et s’apprête à célébrer l’installation d’une Cantalienne pure souche, Chloé Chassang.
Native de la Vallée de la Jordanne qui relie le puy Mary à Aurillac, fille de transporteur et d’agricultrice, la jeune femme aurait pu juste reprendre l’exploitation familiale. C’était compter sans sa passion pour la vigne. Elle s’est installée à Massiac, au nord-est d’Aurillac, en 2020. « En 2017, après mes études au Viti Agro Campus de Beaune, en Bourgogne, je suis venue me former chez Gilles Monier, au domaine Palhàs, l’un des pionniers qui ont réintroduit la vigne à la fin des années 1990. »
RUDE ET SAUVAGE
C’est sur ces palhàs, fameux murs en pierres sèches, à Molompize, que Monier a replanté ses deux hectares de gamay, pinot et chardonnay entre 1998 et 2002. Ancien géologue, il raconte : « Depuis le phylloxéra, personne n’avait osé replanter ici, tout était en friches. Avec l’aide de deux vignerons, Stéphan Elzière et Pierre Chabasseur, j’ai entrepris de réhabiliter ce patrimoine. Les sols légers et filtrants, de schiste et de gneiss, sont bien adaptés à la culture de la vigne. »
NOUVEAUX CÉPAGES
À 130 kilomètres de là, sur la route de Montauban, à Montmurat, Sébastien Lavaurs et Nathalie Latapie ont eux aussi créé leur domaine, Les orchidées sauvages. Ils ont démarré en 2020. Et puis il y a Chloé Chassang et ses 4,5 hectares à Massiac. Son domaine s’appelle Chlo d’Auzit. À 29 ans, elle sort ses premières cuvées, « des vins aromatiques et abordables. Un assemblage de chardonnay, altesse et pinot gris pour les blancs, ils ont un petit côté sucré inédit en Cantal. En rouge, c’est syrah, gamay et pinot noir ». La chance semble être de son côté. Chloé Chassang et ses vignes sont passées à travers les gélées tardives du printemps et la grêle de juin. Pourvu que ça dure !
UN MANQUE D’IMAGE
Reste à régler les inévitables soucis administratifs. Rattachés aux Côtes d’Auvergne, les vins de Gilles Monier sortent en IGP Comté tolosan, mention Cantal. Plus au sud, Isabelle et Serge Broha, éleveurs de chèvres à la Ferme de La Vidalie, replantent deux hectares en AOP Entraygues-Le Fel en 1999. Ils sont pourtant dans le Cantal mais étant frontaliers, leurs vins bénéficient d’une appellation… aveyronnaise : « Les vins du Cantal manquent d’image et surtout d’unité. On voit bien que le développement de la vigne est aussi une question politique. Heureusement, cela n’arrête pas les jeunes », explique Serge Broha.