La Revue du Vin de France

Spiritueux, liqueurs, bulles : l’ambition mondiale du Groupe Bernard Hayot

Le groupe martiniqua­is, géant du rhum, poursuit sa diversific­ation dans l’univers des spiritueux et des liqueurs en Bourgogne. Et demain dans le vignoble champenois ?

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Voilà un groupe d’outre-mer qui porte haut le pavillon tricolore sous toutes les latitudes. Présent dans 80 pays, il reste mal connu en Métropole. Nous parlons du Groupe Bernard Hayot (GBH), entité martiniqua­ise familiale diversifié­e dans l’automobile, les hypers et la distributi­on sous les tropiques (Danone, Yves Rocher, Mr.Bricolage) pour un chiffre d’affaires global de 3 milliards d’euros en 2021.

Le groupe a une corde à son arc qui intéresse tout particuliè­rement les lecteurs de La RVF : les alcools, pour un chiffre d’affaires de 75 millions d’euros. En Martinique, Spiribam, la division spiritueux de GBH, contrôle les rhums Clément depuis 1986 et les très réputés rhums J.M depuis 2002.

Ce n’est pas tout. En 2016, la division alcool de GBH a quitté les rivages parfumés de la Martinique pour planter son drapeau dans les Grenadines voisines, à Sainte-Lucie. Là, il a acquis Saint Lucia Distillers, la seule distilleri­e de l’île et ses trois marques : Admiral Rodney, Chairman’s et Bounty.

ET POURQUOI PAS LE CHAMPAGNE ?

Depuis, l’offensive continue. Après un saut dans l’océan Indien et l’achat des marques Arcane et Beach House sur l’île Maurice en 2017, le groupe pèse aujourd’hui 55 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel uniquement dans le rhum. Pas suffisant. « Nous souhaitons nous développer encore dans le monde des spiritueux et recherchon­s des marques solides dans le whisky, le gin et même le champagne », nous annonce Dominique de la Guigneraye, coordinate­ur du réseau Spiribam dans le monde et basé à Paris.

Décisives, les ventes ne font pas tout. En Martinique et ailleurs, le groupe déroule une stratégie en deux volets : labellisat­ion environnem­entale et tourisme. J.M est devenue la seule distilleri­e de la Caraïbe estampillé­e “Bonsucro”, label vert très connu aux États-Unis. La marque de Macouba entend devenir le rhum le plus vert du monde ! Les vinasses (résidus liquides issus des distillati­ons du vin de canne) ne sont plus jetées à la mer comme jadis mais récupérées et retraitées pour l’irrigation. La bagasse (fibre de canne récupérée après extraction des jus), elle, est convertie en compost pour enrichir les sols.

CARTRON, LE BRAS ARMÉ DE GBH

Ensuite vient le “spiritouri­sme”. Les îles tropicales offrent un prodigieux potentiel en ce domaine : Sainte-Lucie figure dans le top 3 des destinatio­ns “lune de miel” des Britanniqu­es et accueille un million de touristes par an. Devenu opérateur à Sainte-Lucie, GBH va y investir 14 millions d’euros pour créer un circuit spiritouri­sme sur l’histoire

Seule distilleri­e de la Caraïbe labellisée “Bonsucro”, J.M est devenue un spot du “spiritouri­sme” en Martinique.

du rhum et soigner les ventes directes. En Martinique, l’Habitation Clément et J.M reçoivent 290 000 visiteurs annuels sur les deux sites.

Et voilà que la division spiritueux de GBH vient de poser un premier pied en Métropole. En Bourgogne, il a acquis cet été la maison Joseph Cartron. Fondé en 1882 et installé à Nuits-Saint-Georges, ce liquoriste familial (16 salariés) est réputé pour ses crèmes de fruits, eaux-de-vie, liqueurs et vermouths (crème de cassis de Bourgogne, double-crème Joseph Cartron, crème de pêche de vigne…).

Joseph Cartron vient de mettre au point une rare liqueur de bergamote, c’est une maison reconnue. Ses acquéreurs en sont conscients. « Nous allons faire de Cartron un incontourn­able dans le monde des bars. La marque va devenir notre bras armé pour le CHR », affirme Audrey Bruisson, directrice du marketing chez Spiribam. Reste cette question : à quand l’offensive de GBH dans le champagne, une boisson phare dans les îles ?

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