“Médoc blanc” : une AOC sur les fonts baptismaux
Quel est le point commun entre le blanc de Cos d’Estournel, le Cygne de Fonréaud, Pavillon Blanc de Margaux et Aile d’Argent de Mouton Rothschild ? Tous ces vins blancs sont commercialisés par des châteaux médocains de différentes appellations.
Leur autre particularité ? Ils ne peuvent pas être commercialisés en tant que “Médoc” puisque le cahier des charges de l’appellation ne prévoit pas à ce jour cette possibilité. Ils affichent donc tous l’AOC de repli “Bordeaux”. Cela pourrait toutefois changer prochainement. En effet, le conseil d’administration des AOC Médoc, Haut-Médoc et Listrac a validé le 5 juillet un projet de reconnaissance d’une nouvelle AOC “Médoc” dédiée au vin blanc. Une proposition de cahier des charges pourrait atterrir sur la table de l’Inao dès le premier semestre 2023.
Une révolution ? Oui et non car le Médoc était une grande terre productrice de vin blanc au début du siècle dernier. La création de cette nouvelle AOC s’apparente donc davantage à une renaissance d’une pratique ancienne qui colle aujourd’hui à l’attente des consommateurs. C’est ce que nous confirme Claude Gaudin, le président de l’ODG : « Les chiffres au niveau planétaire annoncent une hausse de la consommation de vins blancs ».
Cette démarche pourrait s’avérer avant-gardiste. Beaucoup d’acteurs du Médoc souhaitent en effet ne pas se limiter aux cépages classiques du Bordelais pour s’ouvrir à d’autres variétés. Afin, notamment, de s’adapter au réchauffement climatique.
Soulignons que cette nouvelle AOC épouserait les AOC actuelles Médoc, Haut-Médoc et Listrac sans demander de nouvelle délimitation. Ce qui, à coup sûr, facilitera l’avancée du dossier.
Enfin ! Cinq ans après son tournage, on va découvrir le documentaire Blind Ambition en France. L’histoire, dingue, est celle de quatre jeunes Zimbabwéens venus représenter leur pays en Bourgogne à l’occasion d’un Championnat du monde de dégustation organisé par La RVF !
Une part de l’aventure doit beaucoup à un truculent personnage, le sommelier-chasseur de bécasses Denis Garret. Un bourlingueur, trois Paris-Dakar moto au compteur (il fut même commercial à La RVF en 1978 sous la direction de Françoise Moueix, née Manoncourt…). En 1997, il part tenter sa chance en Afrique du Sud, où il devient vite un promoteur apprécié de la culture du vin.
Entre mille autres jobs, il est engagé comme sommelier par Joanne Hurst, patronne du domaine Wildehurst Wines, dans le Swartland. À l’époque, un autre fou de vin français, lui aussi installé en Afrique du Sud, au Cap, JeanVincent Ridon, coache l’équipe sud-africaine pour le Championnat du monde de dégustation de La RVF.
Cette année-là, Ridon a trop de candidats, il décide d’envoyer une seconde
Le quatuor zimbabwéen emmené par son capitaine Joseph Tongai Dhafana (au centre, costume bleu) et coaché par le Français Denis Garret (veste noire). équipe en France sous les couleurs du Zimbabwe. Denis Garret est sollicité pour la coacher. Coup de chance, notre sommelier avait déjà fait travailler deux membres de l’équipe, il est vite adoubé.
Seulement voilà, le Zimbabwe n’est pas l’Afrique du Sud. Les sponsors manquent. Là, nouvelle bonne fortune. La critique anglaise Jancis Robinson entend parler de l’histoire. Or, Robinson juge depuis longtemps que l’univers du vin est trop blanc. Elle s’entiche des Zimbabwéens et, depuis Londres, lance une opération de crowdfunding. Succès ! 6 500 livres sterling vont financer leur voyage et celui du coach Garret !
Le 17 octobre 2017, l’équipe zimbabwéenne conduite par son capitaine Joseph Tongai Dhafana et Denis Garret se présente au château de Gilly, où JeanClaude Boisset héberge la compétition. Jancis Robinson les accompagne ainsi qu’une équipe TV australienne qui, ayant eu vent de leur aventure, filme leur périple. Dhafana et son équipe terminent 23e sur 24, devant l’Italie. Pas mirobolant mais l’essentiel est ailleurs : leur histoire est devenue un film !
Blind Ambition sera présenté en Champagne par Denis Garret et Philippe de Cantenac, l’inlassable organisateur des championnats RVF, le 8 octobre à 16 h 00 au musée Pressoria d’Aÿ. Puis à Avignon le 10, sous l’égide du syndicat de Châteauneuf-du-Pape.