Henry Marionnet, vigneron et poète
Le célèbre vigneron de Soings Henry Marionnet, père de la cuvée Première Vendange, nous adresse un poème.
C’était voilà quelque temps au bal de la
Nuits-Saint-Georges où j’ai eu l’immense plaisir de rencontrer la petite Juliénas. Une fille drôlement Gigondas, un sacré beau Meursault, bien charpenté et sous sa robe Gruaud Larose, un Grand cru classé avec des arômes de Cassis et de fraises des bois.
On a dansé Anjou contre Anjou sur un
Sylvaner à la mode et, plus tard, pour l’éblouir, je lui ai proposé de l’emmener dans mon Châteauneuf-du-Pape. Elle est alors devenue tout Crozes-Hermitage. Le temps d’aller chercher un Chablis au vestiaire, de mettre un petit Corton dans ses cheveux, on est monté dans ma
Banyuls et on a roulé jusqu’au matin. Ah, quelle belle journée ! On s’est baladé
Entre-deux-Mers, il faisait beau et sur la plage de Bandol, on a mis les pieds dans l’eau Clairette. On s’est alors PouillyFuissé dans les dunes et comme le
Mercurey montait sérieusement et qu’on commençait à avoir les Côte Rôtie, on a décidé de rentrer. Mais voilà, en partant, nous nous sommes retrouvés coincés dans les embouteillages, avec des bouchons que l’on ne pouvait pas tirer ! Je commençais à Minervois sérieusement, et là, Juliénas et moi, nous avons commencé à nous crêper le Chinon. D’un seul coup, elle a claqué la Corbières de la Banyuls et elle est partie ! Je me suis retrouvé comme Mâcon ! Quoi, me suis-je dit, elle s’est déjà Sauvignon avant même que j’aie le temps de la Sauternes ! Mais je vous Jurançon, je l’avais dans la Pauillac, en effet, j’étais tellement Tokay que j’ai couru après elle dans Lalande parmi les Merlots pour la rattraper. Quand on s’est retrouvé et que je l’ai vu devant moi en Gros Plant, je lui ai dit : « Ne fais pas ta Pomerol et ne t’en va plus Gamay ! ». En pleurant, elle est tombée dans mes bras en Madiran…!
Après nos belles vendanges, je lui ai murmuré : « Je te remercie beaucoup mon SaintAmour, de m’avoir offert ton Clos de Bèze ».
Ton Bâtard Marionnet