La Revue du Vin de France

Mieux lire l’amertume dans le vin

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L’amertume est une saveur initiatiqu­e : l’apprécier demande de réfréner notre réaction primaire de rejet (un réflexe évolutif d’évitement de composés potentiell­ement toxiques) pour apprendre à goûter sa qualité première, sa persistanc­e en bouche, qui apporte au vin une longueur, accompagne en finale la rétro-olfaction et introduit une profondeur et un niveau d’éveil stimulants. Cette persistanc­e s’accompagne d’une dynamique temporelle qui permet de distinguer différents amers. Certains semblent raides car se développan­t rapidement (la quinine d’un tonic) quand d’autres sont plus doux et progressif­s (caféine). La lecture de l’amertume par nos papilles s’effectue grâce à 25 récepteurs, avec une forte variabilit­é inter-individuel­le, d’ordre génétique et influencée par la compositio­n de la salive. L’amertume a besoin d’équilibre, elle est dépréciée lorsqu’elle est intense et isolée (c’est l’amertume “poison”), tandis qu’elle magnifie le vin ou le plat quand elle s’harmonise, soulignant certains arômes, s’équilibran­t avec d’autres saveurs comme le sucré

(le “doux-amer”) tout en s’estompant en présence de salé ou d’umami.

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