Les Thienpont misent sur le whisky millésimé
Cette fois, la crise est publique. Les vignerons girondins sont descendus dans la rue pour dénoncer la crise profonde qui mine Bordeaux depuis des années.
Fondé par deux anciens du Master of Science Wine & Spirits Management de Kedge Bordeaux et une ingénieure chimiste docteur en oenologie, la maison Lineti s’inspire du vin pour inventer le whisky millésimé. En 2026, cinq déclinaisons de millésimes, comme autant de cuvées, seront mises à la vente. Séduite par ce projet original, la famille Thienpont, actionnaire de Lineti, intégrera la marque à Wings, sa société de distribution de grands crus.
Notre filière est en crise. Nous vivons une succession de coups durs, tant pour notre production que pour notre commercialisation, avec une accélération ces trois dernières années. La réalité de la situation, aujourd’hui, est difficile à concevoir : certains d’entre nous sont plongés dans une grande précarité. Ils ne parviennent pas à vendre leur vin, sont confrontés à des coûts de production qui augmentent, se demandent comment rembourser leurs prêts, n’arrivent pas à régler leurs fournisseurs, ne se paient plus depuis des mois, et viennent de récolter de trop maigres volumes. »
C’est par ces mots que débute la lettre d’Allan Sichel, président de l’Interprofession des vins de Bordeaux et de Bernard Farges, vice-président. Une lettre adressée à tous les acteurs de la filière viticole girondine avant la manifestation du mardi 6 décembre 2022 qui a réuni près de 700 manifestants.
Dans ce document de quatre pages, les représentants de la filière détaillent l’ampleur de la crise qui touche le Bordelais, notamment à cause d’une surproduction de plus d’un million d’hectolitres qui impose un arrachage massif de vignes. La situation est telle que des centaines d’hectares sont laissées à l’abandon. La crise s’est étendue aux Côtes de Bordeaux, au Médoc, au Libournais et aux Graves, sans compter Sauternes en crise depuis des années. Les crus bourgeois sont désormais affectés.
30 000 HECTARES À ARRACHER
À la surproduction s’ajoute une baisse de la consommation en France. La filière est au pied du mur et demande l’aide des pouvoirs publics pour financer l’arrachage de 10 à 15 000 hectares à hauteur de 10 000 euros l’hectare. Une somme considérable que la filière ne peut financer. D’autant que ce sont 20 à 30 000 hectares qu’il faut arracher pour réguler la situation. Le ministre de l’Agriculture a renvoyé la balle dans le camp de la région Nouvelle-Aquitaine compétente pour gérer des aides européennes. Or, ces aides ne sont valables que pour un arrachage en vue d’une conversion des terres : élevage, céréales…
Suite à cette manifestation, aucune solution à court terme n’a été proposée. Une cellule de crise a été créée pour recevoir les doléances des vignerons les plus touchés. Élus locaux, représentants de la filière, services de l’État et chambre d’agriculture vont se réunir pour réfléchir à des solutions alternatives. Il y a urgence.