La Revue du Vin de France

Saskia de Rothschild mise sur les blancs de Chablis

La célèbre maison chablisien­ne William Fèvre passe sous pavillon des Domaines Barons de Rothschild, groupe très investi à Bordeaux.

- Laurent Gotti

« Depuis quelques années maintenant, nous nous sommes lancés dans l’aventure des vins blancs secs. Nous les travaillon­s davantage dans nos domaines à Sauternes ou à Pauillac. L’étape suivante était d’appendre dans un grand terroir de blancs comme Chablis. Pouvoir compter sur l’antériorit­é et l’expertise de William Fèvre est une grande chance », expose Saskia de Rothschild, gérante des Domaines Barons de Rothschild (DBR).

UN ATOUT FACE AU RÉCHAUFFEM­ENT

Négociée depuis des mois, la reprise du plus important exploitant de vignes en Grands crus chablisien­s (15 hectares), mis en vente par Artémis Domaines (société viticole de la famille Pinault), a été officialis­ée en janvier dernier.

DBR enrichit sa production d’environ 800 000 à un million de bouteilles de chablis les bonnes années. Le domaine compte un total de 70 hectares, cultivés en bio ou biodynamie, et s’approvisio­nne en négoce auprès de vignerons locaux. « Notre activité de négoce a été réduite depuis 2015. Le domaine est majoritair­e dans notre production », précise Didier Séguier, à la direction technique. Cette orientatio­n doit être maintenue.

DBR se voit donc armé pour accompagne­r la montée en puissance de la consommati­on des blancs en France. Le groupe bordelais fait aussi du marché américain une priorité. « Nous avons des importateu­rs communs aux États-Unis, ce qui facilite la transition ».

Autre problémati­que qui a incité DBR à investir à Chablis : le changement climatique. « Les projection­s pour ces prochaines décennies montrent que Chablis s’en sort mieux que bien des régions de France. Ce vignoble est un bon investisse­ment à transmettr­e à nos enfants », confie Saskia de Rothschild. Des synergies sont mises en place entre les équipes techniques visant à faire progresser les pratiques pour faire face au réchauffem­ent du climat.

« La question de la préservati­on des acidités est majeure. Nous testons de nouvelles approches de la conduite de la vigne : hauteur de palissage, gestion du feuillage. Des sujets sur lesquels nous travaillon­s à Pomerol, l’appellatio­n la plus chaude de Bordeaux. Chablis va nous apprendre beaucoup sur la problémati­que du gel mais aussi de l’élevage », poursuit

Saskia de Rothschild.

Enfin DBR annonce vouloir jouer profil bas : « Il y a une humilité à Chablis qui convient bien à nos valeurs ». Quid de la politique tarifaire du domaine ? « Notre volonté n’est pas de faire exploser les prix », veut rassurer Saskia de Rothschild.

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« Chablis résiste bien au changement climatique ».
Saskia de Rothschild (ici dans le Médoc) : « Chablis résiste bien au changement climatique ».

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