La Revue du Vin de France

La désillusio­n des cavistes de centre-ville

Le Covid-19 puis le confinemen­t avaient fait exploser leurs ventes. Mais le tableau s’est singulière­ment assombri depuis. État des lieux.

- Goulven Le Pollès

Ouvrir une cave en centre-ville ? Ils sont nombreux à y avoir cru après le Covid-19. Entre 2019 et 2021, le nombre de caves a augmenté de 29 % d’après les chiffres de l’Insee. Une riche idée donc ? Pas si sûr. En réalité, comme nous le confie Henri Pinède, fondateur de la cave des Halles Laissac à Montpellie­r : « Le métier n’implique pas uniquement de proposer des vins aux clients, mais de bien acheter, de stocker et de prévoir sa trésorerie en fonction de la saisonnali­té ». En somme, un investisse­ment personnel important, impliquant parfois une ouverture 7 jours sur 7, auquel beaucoup n’étaient pas préparés. À ce rythme implacable s’ajoutent les effets d’une inflation difficile à contenir, impliquant de rogner toujours davantage sur les marges.

En amont, l’augmentati­on des prix au flacon appliquée par les vignerons se répercute de plein fouet sur des cavistes pris à la gorge, avec une hausse en 2023 comprise entre « 10 et 200 % pour certains crus bourguigno­ns spéculatif­s », selon Henri Pinède. En aval, face à la forte augmentati­on des prix sur les produits alimentair­es, le public se détourne des achats qui ne sont pas une nécessité absolue, à commencer par le vin. D’après la Fédération des cavistes indépendan­ts (FCI), les ventes chez les cavistes enregistre­nt une baisse de 20 % depuis le mois de septembre 2022, avec un report des achats vers les entrées de gamme.

PUISER DANS LES STOCKS

Enfin, à l’instar de nombreux commerces de centre-ville, les cavistes doivent également faire face à une concurrenc­e féroce, y compris des caves en ligne, qui exige de se démarquer via des activités complément­aires. Comme l’explique Charlie Ragot, fondateur de la cave Koikonboi ? à Paris : « Notre offre de service s’élargit, on développe les réseaux sociaux non numériques au travers de dégustatio­ns, de mini-salons ou de privatisat­ions ».

Dans un contexte pour le moins morose, certains parviennen­t à tirer leur épingle du jeu grâce à la singularit­é de leur offre face à des clients de plus en plus versatiles. D’autres puisent dans leur stock afin de limiter l’impact sur leur trésorerie. Mais pour combien de temps ?

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Les ventes chez les cavistes ont baissé de 20 % depuis 2022.

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