LAURENT DE LA CLERGERIE « JE PEUX SEMBLER UN PEU ENFERMÉ DANS MON MONDE »
Il existe une sorte de paradoxe LDLC. Le e- commerçant lyonnais de matériel informatique grossit à vue d’oeil pour tutoyer les 500 millions d’euros de ventes par an, mais son patron- fondateur reste volontairement dans l’ombre. Par timidité et désintérêt
Votre entreprise est en train d’écrire une vraie success story, mais vous êtes quasiment invisible dans les réseaux lyonnais. Pourquoi ce choix de rester en retrait ?
LAURENT DE LA CLERGERIE: Tout simplement parce que l’anonymat me va très bien. Je suis content de me balader place Bellecour et que personne ne sache qui je suis. Serrer des mains, ce n’est vraiment pas mon truc. Je ne fais partie d’aucun club et je ne connais pas les autres chefs d’entreprise lyonnais. D’ailleurs, quand LDLC a commencé à grossir et être plus visible, je me suis dit « Zut, on va me connaître » . Mais en fait non, et c’est tant mieux comme cela ( rires). Surtout, il y a de très bons communicants dans la boîte, donc je n’ai pas besoin de me mettre en avant.
C’est tout de même étrange, votre entreprise porte vos initiales, mais vous refusez de la personnifier…
L’histoire des initiales, ce n’était pas réfléchi comme cela : lorsque j’ai monté la boîte, j’avais d’abord pris un nom qui était déjà utilisé, et je me suis fait attaquer. Du coup, j’ai dû rechercher un autre nom, mais tout ce que je trouvais était déjà pris. Alors j’en ai eu marre et j’ai mis mes initiales. Au moins, j’étais tranquille, personne n’avait déposé LDLC. Au début, on m’a beaucoup demandé pourquoi j’avais choisi un nom aussi tordu, qui en plus ne sonne pas du tout e- commerce. Alors je répondais qu’un jour, on dira LDLC comme on dit IBM ou Fnac ( rires). Et, avec le temps, j’ai « oublié » que LDLC sont mes initiales…
Vous semblez ne pas chercher la reconnaissance extérieure, d’où tirez- vous vos satisfactions ?
De la réalisation des défis perso que je me lance. C’est comme quand on joue aux jeux vidéo, ce n’est pas pour les autres que l’on passe des niveaux, mais juste pour soi. Et je n’ai pas le sentiment de gérer une boîte de la taille de LDLC. Pour moi, c’est un jeu, je m’éclate. Je cherche tout le temps à aller au next level. J’ai sauvé la Princesse du niveau 2, je vais sauver celle du niveau 3, et ce sera forcément plus dur encore. Honnêtement, si toutes les années se ressemblaient à LDLC, j’aurai vendu mes parts et je serai parti depuis longtemps… J’ai besoin d’avancer, de rechercher comment faire pour aller toujours plus loin.
C’est pour ça que vous lancez sans cesse de nouveaux projets, que ce soit avec LDLC, ou en créant une entreprise de vente de croquettes avec votre femme ?
Je ne peux pas m’arrêter de créer. Et je sais que je lancerais encore d’autres entreprises dans le futur. D’ailleurs, avec ma femme, on a déjà deux nouvelles boîtes en cours de création, l’une dans l’habillement pour enfant, l’autre dans les accessoires pour animaux. Je fais cela simplement parce que j’ai envie d’essayer. Et je me sens souvent frustré : j’ai la volonté de lancer plein de choses, mais je n’ai pas de temps à consacrer pour un projet de plus…
Vous montez des boîtes avec votre femme, votre frère est directeur- général