Avignon, piège à cons ?
À quoi sert- il d’aller au festival off d’Avignon pour les jeunes compagnies indépendantes ? C’est la question que pose le comédien Jacques Chambon ( Merlin dans Kaamelott),
dans une très belle tribune. « Je dis un gros merde à tous mes amis qui se préparent à jouer dans le Off d’Avignon. Je n’y serai pas. Je n’ai pas les moyens d’investir 25000 euros pour participer à ce “marché
du spectacle vivant” qui enrichit les loueurs de salles, les loueurs d’appartements, les bars, les restaurants, les commerces et qui compromet l’avenir financier de nombreuses compagnies. » Dans le
festival off, « les seuls qui payent, ce sont les compagnies et les spectateurs » , poursuit- il. Un comble. « Je n’ai pas les moyens d’investir 25000 euros pour être vu par des programmateurs venus faire, à peu de frais, le marché de leur future saison culturelle en trois jours et deux nuits avignonnaises, s’épargnant ainsi la contrainte d’aller au spectacle le reste de l’année. Je ne suis pas prêt à amputer mon spectacle de 10 minutes pour tenir dans le créneau d’ 1 h 30, montage et démontage compris, généreusement octroyé par le théâtre qui me fera la faveur d’accepter les 12 000 euros réglés d’avance pour me produire. Le festival off est devenu le passage obligé pour espérer faire vivre un spectacle audelà de ses dates de création, mais c’est un passage obligé exorbitant. » Dumping, formatage, ré- ductions des prix – jusqu’à la gratuité– pour afficher complet et imprimer « Triomphe » sur l’affiche. Personne n’y gagne : ni les artistes, endettés, ni le public, qui préfère souvent consommer ce qui ne lui coûte rien plutôt que de choisir ce qu’il apprécie. Même s’il doit bien rester quelques oasis de créativité au milieu des 1400 spectacles du Off proposés chaque année. Mais à quel prix ?