Les chroniques de la rédaction
Ensemble » pour la Biennale de la danse, « Citoyen » pour les Journées du patrimoine, les injonctions ne manquent pas dans le milieu de la culture pour être unis, au moins autant qu’à l’Euro de foot. Nobles coeurs. Ok, mais enfin, si on était tous de gauche et passionnés de culture, ça se saurait. Car si la France est bien championne du monde pour construire des théâtres, musées ou salles de spectacles, toutes les études depuis plus de 20 ans révèlent que les gens modestes, les ouvriers, les plus jeunes et les habitants en banlieue ou zones périurbaines y vont moins, beaucoup moins. Même quand c’est gratuit, et même quand ils disposent d’un établissement culturel à proximité… dans lequel il s’agit pourtant d’être « ensemble » . Tiens, tiens… Alors, comme dirait Jean- Pierre Mocky : « doucement les basses ! » Il ne s’agit pas de virer cynique : l’offre culturelle à Lyon est souvent de très haut niveau, à commencer par celle de la Biennale. Il s’agit surtout de remarquer que nos logiciels de politiques publiques datent de… 1956 et des Trente Glorieuses ! C’est- à- dire pas d’aujourd’hui… L’intérêt général, ce serait donc peutêtre d’arrêter les discours de façade pour être ensemble entre soi, et oser enfin répartir, un peu, ailleurs et autrement, les subventions, plutôt que de les baisser unilatéralement, comme le font actuellement la Région et la Métropole. « Un nou
veau modèle de création est possible » , c’est justement ce qu’écrit dans son édito Richard Brunel, qui vient d’être reconduit à la tête de la Comédie de Valence. Ce lieu, qui affiche une programmation contemporaine souvent plus ambitieuse que bon nombre de théâtres lyonnais, « ne transige pas avec l’exigence artistique et active les moyens publics plutôt que de les consommer. » Moralité :
pour la première année, « le niveau des recettes propres dépasse le niveau des subventions de l’État » , et la Comédie aura embauché depuis l’arrivée de son directeur douze équivalents temps plein. On attend avec impatience que le « modèle lyonnais » , un peu à la traîne en matière culturelle, fasse de même.