Culture et spectacles. Une rentrée littéraire drôle et sexy
Il a le génie des titres. Psychiatre au Vinatier, Emmanuel Venet avait publié son premier roman, Rien, aux éditions Verdier il y a trois ans. Une parenthèse enchantée dans les rêves inassouvis d’un homme pendant que son amante était allongée à côté de lui. À la question « À quoi tu
penses ? » , il lui répondait : « Rien » , en mentant… Son deuxième roman, drôlement délicieux, paraîtra le 18 août prochain, toujours chez Verdier. Une histoire d’amour à nouveau très particulière : celle d’un homme qui retrouve une camarade de lycée trente ans après. Seul hic : il est atteint d’une maladie rare, le syndrome d’Asperger, et sa folie contamine peu à peu le roman alors même qu’il se réfugie dans une logique maniaque de
transparence. Le résultat a cette politesse du désespoir qu’on appelle de l’humour, avec un esprit braque de digression parfaitement traduit dans le titre : Marcher droit,
tourner en rond, sera le roman lyonnais de la rentrée. Autre parution très attendue, le nouveau livre d’Alexis Jenni, prix Gon
court 2011. Un essai on ne peut plus personnel sur le corps des femmes et les tableaux des maîtres, Bonnard en tête. Dans l’attente de toi ( le 7 septembre aux éditions l’Iconoclaste) est construit comme une lettre adressée à une femme aimée à travers la peinture, dont les oeuvres sont reproduites au fil de l’ouvrage. Un essai érotique original, qui rappelle que L’Art français de la
guerre en 2011 se terminait aussi sur une grande histoire d’amour. Autre roman très drôle dans un genre plus potache, Mauvais coûts de Jacky Schartzmann, présenté par son éditeur lyonnais La Fosse aux ours comme un Houellebeck chez Ian Levinson. C’est surtout à Frédéric Dard qu’on pense dans ce jeu de massacre d’un parfait cynique qui dégomme aussi bien Nespresso, le rugby, ce « sport de
gros cons » , qu’Alain Souchon. À part pour le rugby, ça reste un homme de bon goût. À découvrir dès le 18 août.