Critiques. « Toni Erdmann » de Maren Ade - « Peter et Elliott le dragon » Dessin animé de David Lowery - « Dernier train pour Busan » de Sang- ho Yeon
On connaissait l’humour pince- sans- rire à l’an
glaise. Voici l’humour pincesans- rire à l’allemande. Ou comment faire naître dès la première scène des accès loufoques au milieu d’un réalisme apparent, caméra à l’épaule. Un père s’invente un personnage postiche, Toni Erdmann, pour mieux reconquérir le coeur de sa fille, aliénée dans sa vie professionnelle de cadre sup’, exilée à Bucarest. « Blagueur » , utilisant perruques et stratagèmes non pas pour ne pas être vu, mais au contraire pour être enfin remarqué par sa fille, il s’immisce peu à peu dans sa vie, à l’improviste. La première qualité de ce Toni
Erdmann, à l’instar de son personnage principal, c’est d’être à la fois sociable et totalement imprévisible. De l’utilisation sexuelle du petit four à une soirée de team building à poil, Toni Erdmann dynamite de l’intérieur les relations profession- nelles, familiales et sexuelles. Jusqu’à provoquer de véritables éclats de rire incontrôlés en salle devant l’incongruité des certaines situations qu’il propose. Le couplet politique et écolo n’est qu’une fausse piste un peu inutile : ce drôle de film d’auteur est avant tout la parodie familiale d’un père qui ne parvient à approcher sa fille que masqué. À ce jeu- là, les deux comédiens sont formidables dans cet exercice périlleux de faire exister des personages qui ne parviennent jamais à être tout à fait euxmêmes.