Lieux & gens de pouvoir. Décryptage : « Lyon est un laboratoire des extrêmes droites françaises » . Législatives : une élue de Saint- Priest en remplace une autre
Spécialiste du Front National, l’historien Nicolas Lebourg revient sur les particularités de l’extrême droite lyonnaise.
On dit souvent que Lyon est une ville du centre. Quelle place y occupe l’extrême droite ?
NICOLAS LEBOURG: C’est paradoxal. Lyon a un centre fort et en même temps, il y a une vraie particularité. C’est une espèce de laboratoire des extrêmes droites françaises. Vous avez de tout : des nationaux- catholiques, des catholiques intégristes, des néo- païens, des négationnistes, des radicaux classiques, des jeunesses nationalistes, le Bloc identitaire… Ce bio- tope des différentes extrêmes droites est totalement différent des autres villes de France.
Le vote FN peine pourtant à s’imposer à Lyon.
La relation entre l’underground radical et la normalisation d’idées radicales dans l’espace public fait partie des grandes questions du FN. Vous pouvez tout à fait avoir des groupes qui échangent entre eux sans que cela pénètre la société. À Lyon, il y a un milieu associatif, des églises un peu dures, l’université Lyon 3 qui peut contribuer et apporter une légitimité, même si tous les profs de cette fac ne se sont pas radicaux, loin de là. Tout cela contribue à irriguer un certain nombre d’idées. Mais de là à faire un lien entre une présence culturelle comme celle- là et des scores électoraux c’est aller un peu vite. Le fait que Christophe Boudot ait fait ses études à Lyon 3 pourrait aller dans ce sens- là. Mais cela reste théorique.
Le FN peut- il s’imposer dans une ville de la taille de Lyon ?
De manière générale, plus vous êtes dans une métropole, moins vous avez un territoire intéressant pour le Front National. Il est plus présent dans les périphéries : les Monts du Lyonnais seront plus intéressants pour une implantation de militants d’extrême- droite que la place Bellecour.
Quelle est la place de la fédération du Rhône du Front National par rapport aux autres fédérations ?
Le problème, c’est que les fédérations sont complètement écrasées par l’omnipotence de la présidence du parti. À Lyon, il y avait auparavant la personnalité de Bruno Gollnisch mais il n’a jamais vraiment été en capacité de faire fructifier ça.
Y a- t- il pour autant des leaders du Rhône qui pèsent dans l’exécutif du FN ?
Non, ce serait confondre avec le PS ou le PC. Ils ne marchent pas comme ça au FN. Les leaders sont à la présidence.