L’édito de Olivier Vassé
Vu de Lyon, le déclassement de l'autoroute A6/ A7 en boulevard urbain est sans doute la plus grande décision politique prise depuis quarante ans par un élu local. Plus importante que la construction de la Confluence, la réalisation des berges du Rhône et la mise en place de Vélo'v réunies. Rendez- vous compte : si Gérard Collomb, qui assure que ce projet doit être acté par l'État avant la fin de l'année, dit vrai, c'est bientôt la fin des embouteillages sous le tunnel de Fourvière et ses 100 000 véhicules/ jour. La fin de la première cause de pollution de la ville, la fin des nuisances sonores, engendrées par les voitures et les camions. La fin de l'erreur historique de Louis Pradel, qui voulait faire de Lyon l'égale de Los Angeles avec son autoroute urbaine. Le bonheur !
Mais vu de l'est Lyonnais, de l’autre côte du périph’, c'est une autre affaire : on craint surtout de récupérer, via la rocade Est,
ce flux de voitures qui emprunte l'une des autoroutes les plus fréquentées d'Europe. Car pour l'instant, l'argent manque pour créer un contournement cohérent qui permette à l'ensemble de l'agglomération d'être évitée. L'idéal serait de prolonger l'A432 ( qui passe par l'aéroport Saint- Exupéry) au Sud, pour rejoindre l'A7 au Sud de Chassesur- Rhône.
Les élus de droite de l'Est lyonnais, qui redoutent un développement massif du trafic routier suite à ce déplacement,
ont compris l'intérêt politique qu'ils pouvaient tirer de cette situation. Ils viennent de créer une association, Grand Est Métropole ( GEM) et vont lancer à la rentrée une pétition en ligne pour s'opposer au contournement. « L'Est lyonnais n'est pas la poubelle de l'agglomération » , tonne Gilles Gascon, le maire de Saint- Priest qui a pris la tête de la révolte. Une punchline qui pourrait se transformer en argument électoral à l'horizon de 2020, quand les habitants de l'Est lyonnais devront élire leurs représentants à la Métropole. Plus globalement, il ne faudrait pas que ce projet, au demeurant très positif pour l’attractivité du centre de Lyon, creuse un peu plus le fossé entre les citadins bobos, qui se réjouissent de pouvoir circuler à vélo, et les habitants des zones périurbaines qui se sentent de plus en plus délaissés par le monde politique.