À table. Curnonsky : surprise au Mur des canuts
La question que tout le
monde se pose, enfin ceux qui n’ont rien d’autre à faire, est : qu’est- ce qu’il y a derrière la fresque monumentale du Mur des canuts ? N’essayez pas de pousser la porte de la Banque Populaire, vous risqueriez d’y laisser une main. C’est un trompe- l’oeil. Il faut longer le mur sur la droite de la banque pour tomber sur un tout nouvel établissement, constituant un doublefond de la fresque. Cela s’appelle Curnonsky. Chaud et froid Ce « Prince des gastronomes » , plutôt gros lard, a édicté à la fin des années 1920 que Lyon était la « Capitale de la gastronomie » . De fait, sur le principe du marchepied, Lyon entretient insolemment sa notoriété. En tout cas, si Curnonsky ressortait de son tombeau, il ne reconnaîtrait pas la cuisine locale. Le chef, Benjamin Capelier, a justement écrit un mémoire sur Curnonsky pendant ses études d’histoire ( il a fait aussi Sciences Po, de la com’ politique etc., et ne vous regarde donc pas avec des yeux de veau), mais il est plutôt du genre à utiliser des siphons, des thermoplongeurs et de la machine à sous- vide. Cela peut faire peur, mais le résultat est simple. Contemporain, certes, dans les intitulés et la possibilité de simplement picorer, mais emprunt de classicisme au final. Ainsi, au dîner, à l’ardoise, on a le choix entre des « petits
plats à partager » de style assiette de chorizo ( belota), ou bien du « froid » , du « tiède » et du « chaud » , une escalade du thermomètre qui monte du « saumon gravlax/ mayonnaise de wasabi » « au ris de veau/ beurre de café » ( délicieux) en passant par l’ « oeuf parfait/ crème de pomme de terre » . Il y a encore la case « sucre » . On en a extrait un ensemble multitextures « mûre, Chartreuse, noisette, crémeux cho
colat » très réussi. On n’a pas testé le déjeuner, mais la truite sauvage, à la betterave snackée ( et en mousse) préparée devant nos yeux faisait franchement envie. Tout n’est pas parfait, l’intervention de glace dans des plats salés, supposée bousculer les codes, ne nous a jamais menés à l’orgasme, mais bon… Curnonsky est aussi bar à vins et caviste passionné. On y va.