À table. Le Quai des arts : enfi n rouvert
Il s’est passé des choses horribles ici. Des histoires de nonnes violées sous la Terreur, des meurtres en place publique, et un resto fermé depuis deux ans. Brrr, vite un autre verre de côtes ! Quand on déjeune aux Quai des arts, placé à l’entrée des Subsistances et enfin rouvert, on mange aussi un bout de patrimoine, sous un haut plafond aux poutres de château- fort. Ce patrimoine est justement en rapport avec l’alimentation. En effet, après avoir été un couvent maudit, ce gigantesque ensemble de bâtiments s’est transformé en grenier militaire avec sa torréfaction de café, ses réserves de vin, ses moulins à grains, et la prodigieuse chasse aux souris qui devait aller avec…
Bonne humeur Depuis les années 2000, les Subsistances sont un laboratoire de création artistique, dont l’entrée « grand public » se manifeste par le restaurant Le Quai des arts. Les nouveaux exploitants sont visiblement tombés sur les bons chefs : Sylvain, un ancien des Adrets en semaine, et Hugo le week- end, notamment pour le brunch, passé chez Orsi et Bocuse. Ce midi, au menu du jour, il y avait un velouté de champignons avec du goût ( on néglige toujours le champignon de Paris, sous prétexte qu’il ne pousse pas dans des prés romantiques ou une forêt sauvage, alors que c’est un des meilleurs). Excellent, comme le tajine de volaille et une mousse de fruits rouges servie dans un verre basque. On a aussi testé sur l’autre côté de l’ardoise un « crémeux forest ier » , synonyme de « soupe aux champignons » en jargon de restaurateur, la même base que l’autre, mais upgradée avec des chips de jambon et un oeuf poché, suivi d’un cabillaud posé sur un risotto au fenouil et des jolies tagliatelles de légumes bien craquantes. Cela forme une bonne base ( du frais, des produits locaux et un service de bonne humeur) pour retrouver un des vues les plus sexy de Lyon, directement sur le quai Pierre- Scize, avec des promesses de pétanque pour l’été.