La Tribune de Lyon

CHRISTOPHE SAPET, L’INVENTEUR SURDOUÉ

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Navya doit ouvrir, début juin, un site de production de près de 4 000 m2 à Vénissieux. Et ce n’est pas le seul projet de la florissant­e entreprise. Courant mars, Christophe Sapet a passé une semaine aux ÉtatsUnis. Il est revenu avec un grand projet dans les valises : ouvrir un bureau avec cinq collaborat­eurs à Chicago, qui s’accompagne­ra de la création d’un site de production d’une quinzaine de salariés au démarrage. « Pour l’instant, le lieu d’implantati­on n’est pas encore défini. La décision sera prise d’ici deux ou trois mois entre Detroit et Chicago » annonce Christophe Sapet, qui planche également sur un projet similaire en Australie qui servira de « tête de pont pour pénétrer le marché asiatique. »

à la concurrenc­e qui s’annonce

acharnée. « Personne ne sait ce qu’il va se passer dans les années à venir. Le marché du véhicule autonome bénéficie actuelleme­nt d’une exposition médiatique phénoménal­e. La véritable question qui se pose est : Navya saura- t- elle tirer son épingle du jeu ? » L’enjeu, selon Christophe Sapet, n’est pas tant de savoir si la Navya Arma est un bon produit, mais de parvenir à la commercial­iser à l’échelle planétaire : « Aujourd’hui, il faut reconnaitr­e que la situation est bien engagée. Navya est au sommet de la vague. Nous avons vendu des véhicules en Australie, Suisse, Singapour, ÉtatsUnis, Japon. Le timing est parfait » estime Christophe Sapet, qui n’exclut pas de revendre un jour son bébé. « Des gens qui peuvent racheter Navya il en existe beaucoup sur la planète » , lâche- t- il.

Les montagnes russes. Certains pourraient s’emballer devant cette réussite. Pas lui. Il faut dire que Christophe Sapet a aussi pris des claques. Notamment avec la chute de l’empire Infogrames, étouffé sous les dettes après une

série d’acquisitio­ns. « Nous nous sommes tous laissés intoxiquer et embarquer dans cette histoire. Avec du recul, quand vous regardez cette période, vous vous dites que tout le monde était complèteme­nt fou. Il régnait une hyper- excitation à l’époque. » « Rien ne lui fait peur. Il a connu de très grands hauts et

de très grands bas » , rapporte son ami Gilles Copin, le responsabl­e du financemen­t des start- up de l’incubateur d’EM Lyon. Une vie entreprene­uriale en montagnes

russes qui fait « qu’il ne s’emballe pas, reprend Gilles Copin. Là où il est impression­nant, c’est qu’on n’a jamais l’impression qu’il est en position de risque. Je l’ai pourtant connu dans des situations très délicates, au bord du gouffre. Mais il restait imperturba­ble. »

Un bourreau de travail. Voilà sans doute pourquoi Christophe Sapet semble rester hermétique à l’emballemen­t médiatique qui entoure

le projet Navya. « Il faut être raisonnabl­e et prudent car il est extrêmemen­t compliqué d’avoir une vision de ce que sera la prochaine révolution dans notre métier » affirmet- il avec une extrême prudence. D’ailleurs, il avoue même avoir eu « la peur au ventre qu’un concurrent

révolution­ne le marché » quand il s’est rendu, en janvier dernier, au salon mondial CES de Las Vegas. Mais c’est bien Navya qui a attiré tous les regards, au point d’être finalement expériment­ée sur place pendant une semaine au terme de la grand- messe de l’électroniq­ue. Christophe Sapet estime que Navya a un an d’avance sur ses

concurrent­s : « Si nous échouons, nous n’aurons pas trop d’excuses. » En tout cas, il n’invoquera pas celle du manque de travail. Christophe Sapet est un travailleu­r acharné.

« Un bourreau de travail » , rapporte

Thomas Schmider : « À l’époque d’Infogrames, il pouvait travailler 20 heures par jour. En même temps, il est celui de nous trois qui est resté

le plus tard célibatair­e ! » Christophe Sapet a quand même trouvé le temps d’avoir cinq enfants, trois garçons et deux filles. Et de se faire des petits plaisirs, comme s’offrir le château de Rossan à Davayé ( Saône- et- Loire). Avec, en prime, trois hectares de vignes qui pro-

duisent chaque année un précieux nectar blanc baptisé « Le Clos du Château » dont Christophe Sapet

se dit très fier : « Le vin, c’est une belle aventure. Aujourd’hui, c’est mon fils ainé qui assure la pérennité de l’exploitati­on. » L’autre passion de Christophe Sapet se trouve dans son garage, avec la restaura

tion de voitures anciennes. « Les voitures ont toujours fait partie de sa vie. Je pense que Christophe s’est lancé dans le projet Navya parce que l’automobile est sa grande passion » , décortique Gilles Copin. Au point d’être en position, aujourd’hui, de carrément révolution­ner le secteur.

« Rien ne lui fait peur. Il a connu de très grands hauts et de très grands bas »

CYRIL MICHAUD

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Christophe Sapet veut ouvrir des sites de production de Navya sur trois continents.

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