Pourquoi la campagne du FN ne décolle pas à Lyon
L
es sondages ont beau être au plus haut pour Marine Le Pen
au niveau national, à Lyon, le Front national a bien du mal à se rendre audible. La raison ? L’absence de cadres frontistes influents et censés tenir d’une main de fer la fédé
ration départementale. « Contrairement à des régions comme PACA ou les Hauts de France, les élus frontistes lyonnais sont en perpétuel renouvellement. Du coup, on a une fédé qui n’a pas le temps à chaque élection d’être en ordre de bataille. Regardez, aux législatives, vous n’avez aucune
tête de liste des dernières munici
pales parmi les candidats à Lyon » , déplore Romain Vaudan, un ancien élu FN, qui a rendu sa carte en 2016 en partie pour ces raisons. Mais ces nouvelles têtes peu connues des électeurs, comme David Tabellion, candidat dans la 2e circonscription ou Cécile Bène dans la 5e, ne sont pas la seule explication d’une campagne frontiste qui peine à décoller à Lyon. En effet, selon plusieurs militants FN interrogés, « la riva
lité latente » entre Muriel Coativy, l’actuelle patronne de la fédération
frontiste du Rhône et Christophe Boudot, son prédécesseur partici
perait « au pourrissement de la campagne localement » . « Le Rhône a toujours été le mouton noir du parti en raison de ses guerres de pouvoir internes » , tacle un sympathisant Bleu Marine. Des critiques que ne comprend pas Agnès Marion, candidate dans la 10e circonscription. « Pour moi, cette rivalité n’existe plus. C’est une histoire de transmission comme dans n’importe quelle famille, il a fallu un peu de temps » , confie- t- elle, en assurant recevoir « un accueil exceptionnel sur le terrain » . Des séances de tractage sur les marchés « du matin au soir » , dixit Muriel Coativy, qui tient de son côté à rappeler que « la campagne a été lancée à Lyon lors des Assises de Marine » en février et que tous les cadres nationaux du parti sont passés par Lyon. Suffisant pour faire mieux qu’à la présidentielle de 2012 ? Pas certain. Avec un score flirtant avec la barre des 10 % à Lyon, Marine Le Pen n’avait pas pu faire mieux que 5e au premier tour. « On est en progression constante à chaque élection. On peut viser les 15 % à Lyon je pense » , déclare Agnès Marion, consciente que « dans les grandes métropoles, le FN a du mal à séduire » un électorat très CSP+. Surtout si la stratégie choisie et assumée officiellement par la fédération locale est de continuer uniquement à miser sur les territoires ruraux du département.