Critiques.
« Corporate » , de Nicolas Silhol - « United States of Love » , de Tomasz Wasilewski - « Baby Boss » , de Tom Mc Grath
Rien de nouveau dans le regard porté sur les grandes entreprises par le cinéma fran
çais. Après de nombreux pensums sur la question, dont le récent et soporifi que Tout de suite mainte
nant de Pascal Bonitzer, Corporate remet le couvert avec son lot de cadres sous pression, nécessairement soit loups cyniques, soit agneaux sacrificiels, qui errent dans des bureaux uniformément gris, métaphore sans finesse de leur déshumanisation. C’est terrifi ant mais que voulez- vous, tout le monde ne peut pas travailler dans le cinéma… Pour l’originalité du point de vue donc, on repassera, mais la violence parfois fatale de certaines méthodes de management est un vrai sujet, et on saluera la tentative de le traiter en cinéma de genre, façon thriller d’entreprise. L’ensemble est très correctement mené, même si un peu trop sagement, et l’on se prend à imaginer le fi lm haletant que le moindre faiseur américain aurait tiré d’un tel sujet. Car si ce suspens édifi ant sur fond de sui- cide embarrassant façon « sauve qui peut sa peau » se regarde sans ennui, il reste dans les limites du cinéma français : scénario didactique qui tire à la ligne, rythme plan- plan et esthétique de téléfilm. Reste Céline Sallette, plus « Signoret moderne » que jamais, DRH killeuse qui se découvre une conscience à la faveur de sa propre mise en danger. Un beau personnage dont le parcours, écrit avec finesse et sans manichéisme, contribue à incarner dans la fiction un propos louable. Mais toujours tenté par la pente glissante d’une morale facile… On n’est français où on ne l’est pas.