Les chroniques de la rédaction

Changement de municipalité en 2014, baisse de subventions en 2016 puis changement de directrice en 2017. Le centre culturel du Toboggan – créé au siècle dernier, en 1996 – a fait l’objet de tous les imbroglios politiques et règlements de comptes locaux. Passons. Aujourd’hui, dans le petit Landerneau culturel, tout le monde s’en émeut, au motif de voir déstabilisé un lieu culturel dans lequel… personne n’allait, ou pas grand monde. Connaissez- vous La Spirale, ce haut lieu d’art contemporain, interne au Toboggan ? Avez- vous déjà mis les pieds dans son théâtre de 664 places, l’équivalent de la grande salle du TNP ? Au mieux, une ou deux fois en 20 ans… Il ne s’agit pas de remettre en cause la qualité des directeurs qui se sont succédés. La danse, par exemple, a toujours été l’identité forte du Toboggan, grâce au partenariat avec la Maison de la danse de Lyon. Mais le Tobog gan a souffert du même mal que la plupart des centres culturels construits à l’époque où l’argent public coulait à flots : une désaffection des spectateurs, à commencer par les plus proches, c’est- à- dire les habitants de Décines. Un comble. Si la France a été imbattable pour construire des lieux culturels sous l’ère Mitterrand, elle a été tout aussi incapable de toucher les publics les plus éloignés de la culture, et pourtant les plus proches de ces centres artistiques périurbains. Faute d’une programmation variée et attractive. On ne saurait détourner les subventions publiques de leur objet premier, à savoir la création. Elle a toujours existé au Toboggan. Mais on ne peut pas non plus toujours programmer un lieu sans penser au public alentour. Ce sera la dure tâche de Victor Bosch, qui vient d’être nommé directeur : composer une programmation à la fois populaire, de qualité et tournée vers la création. Il a su le faire à Caluire avec Le Radiant, avec beaucoup d’argent public. Ce sera plus dur à mettre en oeuvre à Décines, avec beaucoup moins de sous, et un public moins habitué aux sorties culturelles. C’est en tout cas l’occasion d’en finir avec un vieux modèle français à bout de souffle, qu’il est grand temps de réinventer.