L’édito de François Sapy
Sacrée Confl uence… Par nature, nous autres journalistes sommes méfi ants vis- à- vis de l’enthousiasme des politiques. C’est notre devoir et c’est pour cela que nous ne sommes pas prêts à croire tête baissée aux promesses de nos dirigeants, Gérard Collomb en tête, qui nous chantent dans toutes les langues que la Confl uence est le plus bel endroit du monde.
Pour savoir si c’est l’enfer ou le paradis, nous avons donc décidé, tout simplement, d’aller parler aux habitants de ce quartier. Or, notre mauvais esprit dût- il en souff rir, cela ne semble pas être tout à fait faux. Contrairement aux expériences des villes nouvelles, nées d’une utopie et mortes de leur déshumanité, ce quartier nouveau, qui dormait sous des piles de dossiers avant que Collomb ( Gérard, pas Francisque !) ne se décide à en faire une priorité, est une vraie réussite pour ceux qui y habitent.
Bien sûr, l’urbanisme est une science complexe et il y a toujours quelque chose à dire : pas assez de commerces, trop de ceci, pas assez de cela… mais globalement, le plaisir est au rendez- vous. La preuve ? Les prix fl ambent, ce que les habitants regrettent, certes, mais qui ne serait jamais arrivé si le quartier n’avait pas eu tant de succès. Rappelons en eff et que l’immobilier est un marché sensible à l’off re et la demande et que les quartiers les plus chers ne sont pas, en général, les plus pourris.
Sans tomber dans un enthousiasme béat, je pense que l’attractivité de ce quartier va
encore se renforcer. D’abord, parce qu’une série d’expériences révolutionnaires est en cours dans l’immense chantier que constitue la phase 2 de la Confl uence ( celle qui s’étend sur les terres de l’ancien marché de gros). Ce n’est pas non plus un hasard si la Confl uence reçoit, le 7 avril, le prix de l’innovation Smart Cities du journal Le Monde. Il se prépare là- bas des innovations qui vont changer notre vie d’urbains, même si, lorsque les politiques en parlent avec leur langage bizarre, on ne comprend pas toujours vraiment ce qui se passe.
Ce n’est toutefois pas parce que l’élan est
donné qu’il faut baisser la garde. Bien au contraire : un quartier, surtout s’il est récent, est aussi fragile qu’un nouveau- né. Une densité urbaine trop marquée, une circulation congestionnée, des prix de l’immobilier qui fl ambent encore davantage… Il ne faudrait que quelques années pour ruiner tout ce qui a été construit. Messieurs les décideurs, merci de ne pas relâcher votre vigilance. Sinon, la Confl uence redeviendra très vite cet endroit que les anciens Lyonnais appelaient « derrière les voûtes » .