Non, tous ne sont pas pourris
L ouis Pelaez a raison. Dans l’interview que nous avons réalisée ( voir page 10) avec le patron de Lyon Parc Auto, il n’essaye pas à tout prix de protéger ses prédécesseurs. Bien au contraire, il met en cause explicitement Jean- Louis Touraine et Christian Philip, en leur reprochant de n’avoir pas fait grand- chose pour honorer la présidence qui leur était confiée. Ce faisant, il nous redonne une part d’espoir. Tout le monde n’est pas forcément adepte des petits arrangements. Je pense qu’il faut un vrai courage pour dénoncer les choses ainsi, car le système aura tôt fait de se venger. Mais, sur le long terme, je ne vois pas d’autres moyens pour enrayer le populisme ambiant. Non, tout le monde n’est pas forcément « mouillé » . Non, tous les élus ne se protègent pas mutuellement sur le dos du peuple. À Tribune de Lyon, nous n’avons jamais été partisans de cette vision caricaturale. Nous pensons même que c’est l’exact inverse : 99 % sont raisonnablement honnêtes et dévoués à leur cause. Reste qu’il est bon qu’un élu le rappelle opportunément à tous, de temps à autre.
En tout cas, si c’est la vérité, il faudra bien en
tirer les conséquences. Dès lors que des élus sont nommés, parfois sans aucune compétence de gestion, à la périphérie de leur mandat, à des postes d’administrateurs ou de président de structures aux moyens gigantesques, cela peut poser un vrai problème. Les vrais scandales de la République sont ici. Lyon Parc Auto est une magnifique machine lyonnaise, avec un savoirfaire extraordinaire : c’est la plus grosse structure publique de France chargée de gérer des parkings et, si nous voulons qu’elle continue à prospérer, il faut des présidents qui se mouillent et non des dignitaires qui s’en servent comme d’un hochet pour satisfaire leur besoin de notabilité. À lire l’enquête que notre journaliste Antoine Comte a réalisée sur Najat Vallaud- Belkacem, on voit que son retour va être un chemin parsemé d’épines. La droite, et c’est bien normal, va pilonner l’ancienne porte- parole du gouvernement sur l’air connu du bilan calamiteux de Hollande. Mais l’essentiel ne sera pas là. Surtout, l’actuelle ministre de l’Éducation nationale, maître dans l’art de la communication, va devoir se coltiner les amabilités de son propre camp. Les socialistes, en voie de profonde déliquescence, ne vont pas la rater.
À mon avis, Collomb ne sera pas trop méchant
avec elle : il est ravi qu’elle ne vienne pas le taquiner sur ses terres lyonnaises. En revanche, elle va subir les coups de boutoir des macronistes, dont beaucoup sont issus des rangs du PS. Le maire de Villeurbanne étant historiquement opposé à Gérard Collomb et protégeant envers et contre tout la jeune ministre, Villeurbanne va devenir un laboratoire politique unique en France : celui de la guerre PS / En Marche pour les législatives. À Villeurbanne, c’est clair, ça va saigner.