Nouveau et tout bio
Dans le monde de l’hôtellerie, où la pleurniche est de
rigueur face à ces méchantes chambres d’hôtes qui ont trouvé le moyen d’avoir plus de cachet, plus d’espace, moins d’anonymat, il est plaisant de voir des tauliers nouvelle génération portés vers l’optimisme. Le Mob Hôtel incarne une nouvelle tendance tenant à la fois du poulpe, du rhizome et du second degré, pour le nombre d’activités, l’ouverture sur la ville et le côté « le confort ce n’est pas nécessairement du cuir, des dorures et des larbins dans lesquels on aurait introduit un balai par le postérieur » . Avant de parler de l’étrange chou- fleur de l’entrée, on résume : le lieu est à la fois boutiques éphémères de créateurs locaux, épicerie bio, pépinière de start- up, biblio- thèque, espace musical et culturel, cours de Pilates et de yoga, marché bio le vendredi, roof top, ciné en plein air. Oups, on a oublié les chambres.
Décontracté. Nous nous sommes cantonnés au restaurant, grand espace à vivre équipé d’un bar et d’un baby- foot pour huit joueurs, et avons commencé par le choufleur. Cette entrée, « pour deux » , est essentiellement composée d’un… chou- fleur. Non pas présenté en sommités artistement composées, mais entier. Le crucifère a été cuit à la vapeur, puis passé au four à bois à 300° C. C’est non seulement rigolo, mais en plus, le chou- fleur légèrement brûlé, trempe dans une sauce entre cervelle de canuts et tsatsiki : c’est délicieux. On souhaiterait plus de feux de forêts en Bretagne. Dans le même ordre d’idée, entre cuisine et ferronnerie, il y a aussi un avocat passé au chalumeau et gavé de mayonnaise passion coriandre ( le fruit, pas Gilbert Collard malheureusement), aux côtés d’une plus sage salade de haricots verts, mascarpone et oeufs de saumon. Notre émincé de boeuf black angus cru, truffe et salade verte, était tout aussi, sobrement, tranquillement, bon. Et cet espèce de four géant au fond, cuivré, comme sorti des cuisines du Nautilus ? C’est le four à pizza, domaine du double champion du monde John Berg. La pâte croustillante, aérienne, pourrait figurer au salon du Bourget et les garnitures sont brutes, fraîches. Les vins au verre se tiennent en laisse à 3,50 euros, on mange sous les regards conjugués de Frida Kahlo, de Nick Cave et d’un service cool. On n’est pas encore couchés.