L’eau des égouts pour soigner : une première française aux HCL
Soigner les infections ultrarésistantes en utilisant des phages, des virus prédateurs de bactéries découverts dans les égouts : les Hospices civils de Lyon ont réalisé, il y a quelques mois une première française avec cette technique dans la lutte contre la résistance aux antibiotiques. Un problème majeur, responsable de 10 millions de morts par an dans le monde. Deux patients, atteints de sévères infections qui ne pouvaient plus cicatriser, ont ainsi été soignés, il y a 9 et 6 mois, par injection des phages élaborés par la société parisienne Pherecydes Pharma. Celle- ci repère les plus prometteurs dans… les eaux usées. Des avancées présentées jeudi dernier à l’hôpital de la Croix- Rousse. Avantage de ces phages : ils ciblent une bactérie précise et ne nécessitent qu’une intervention quand les antibiotiques ont un champ d’action large et un traitement répétitif. L’intérêt des phages est connu depuis une centaine d’années mais était tombé en désuétude, en Europe occidentale, grâce ou à cause des antibiotiques. Ils sont toutefois toujours utilisés dans certains pays comme la Pologne ou la Géorgie. Pour les deux patients, les HCL ont d’abord identifié la bactérie en cause, sollicité l’autorisation de l’agence de sécurité du médicament, commandé les phages auprès de Pherecydes Pharma, et c’est la pharmacie des HCL qui a produit la préparation à administrer. La procédure administrative a pris entre 7 et 10 jours. Des essais cliniques vont désormais être lancés par le consortium regroupant les HCL et Pherecydes Pharma pour traiter les infections ostéoarticulaires avec ces prédateurs bactériophages. Il faut compter 2 à 3 ans pour obtenir des autorisations de traitement dans ce cadre.