La Tribune de Lyon

Mermoz, la mutation d’un quartier mal- aimé

Loin des projets clinquants de Gerland, de Part-Dieu ou de la Confluence, Mermoz poursuit depuis dix ans une mutation profonde. Celle- ci doit voir le quartier populaire, né dans les années 1950, devenir attractif, diversifié et mieux intégré à la ville.

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Sur un mur de la MJC de Mermoz Sud, rue Genton, un petit graffiti « Mermoz city » s’étale discrèteme­nt. Assis juste à côté, Rosek Harbouche, une figure de Mermoz, soupire. Responsabl­e de l’associatio­n Clarté qui gère les jardins collectifs, ce sexagénair­e est né là, bien avant la constructi­on de l’autopont qui, en 1973, achevait de balafrer le secteur et de le couper en deux. « Un Mermoz tout court, unifié, ce n’est pas pour demain » déplore- t- il. C’est pourtant bien le projet lancé il y a dix ans : créer un Mermoz unique, traversé par une ligne de tramway, qui sera habité par une population aux revenus divers et porté par des commerces revivifiés. Mais pour l’heure, Mermoz Nord et Sud demeurent deux entités qui font, chacune à leur manière, de la résistance. Avant les années 1950, Mer mozétaitco­m posé de champs, devenus des habitation­s à la fin de la décennie. Aujourd’hui, ce sont deux quartiers pénalisés par leur mauvaise image, classés ZSP ( zone de sécurité prioritair­e) et perdus à la lisière de l’A43, totalisant environ 8 000 habitants. Le bout du 8e arrondisse­ment, voire même au- delà, dans la tête des Lyonnais. « Les gens croient que Mermoz c’est une banlieue, mais non, c’est un arrondisse­ment, c’est le 8e ! Et où il fait bon vivre, en plus » , rect ifie Rosek Harbouche. La Métropole de Lyon, consciente de cet état de fait et poussée par le besoin de loger des familles des deuxième et troisième couronnes désireuses de « rentrer » à Lyon, a entamé en 2006 un immense virage : faire de ce quartier une vraie porte d’entrée à l’Est de Lyon connecté au reste de la ville via le tramway T6, et porté par deux pôles commerciau­x ( le supermarch­é Casi no et l es Ga le r ies Lafayette). La démolition de l’autopont en 2010 a été une première étape symbolique. Le chantier global est aujourd’hui à mi- parcours : la rénovation de Mermoz Nord sera achevée courant 2018, au moment même où va démarrer celle de Mermoz Sud. Plus de logements, plus mixtes. L’objectif majeur : décloisonn­er ces deux quartiers. C’est ce qu’ont enclenché, en 2006, la Métropole et le bailleur social Grand Lyon Habitat en souhaitant réduire drastiquem­ent la proportion de logements sociaux, de 100 % de chaque côté de l’avenue Mermoz, à environ 50 %, gagnant au passage en nombre total d’appartemen­ts. Une densificat­ion assumée ? « Pas une densificat­ion, une intensific­ation de la ville » , nuance le vice- président à l’Urbanisme de la Métropole, Michel Le Faou. « Il y a plus de logements, mais répartis différemme­nt dans des bâtiments peu élevés. Nous devons répondre aux objectifs du schéma de cohérence territoria­le, dans une période de tension sur le marché du logement » . N’empêche, quelques remarques se font déjà entendre : dans les nouvelles constructi­ons de Mermoz Nord, on pourrait se passer le sel d’un balcon à l’autre. Michel Le Faou sourit. « Il y a un immeuble particuliè­rement en visà- vis, oui, mais c’est tout. Il faut garder à l’esprit que l’on est en ville… »

Attractif, mais la mixité tarde à prendre. Le Nord compte donc désormais 52 % de logements sociaux. Attirer de nouveaux habitants n’a pas été un problème. Le secteur, très soutenu par les dispositif­s politiques de la ville et les collectivi­tés, a été commercial­isé bien en- dessous du prix du marché, en location comme en vente : entre 2800 et 3200 euros le m2 en accession à la propriété, contre une moyenne de 4 200 à Lyon intra- muros. Chez Nacarat, qui propose un bâtiment nommé So’ 8 en cours de construct ion, on confirme. « Ça s’est très bien vendu. Il ne nous reste plus que des T3 et T5. » Les nouveaux arrivants sont principale­ment des fami l les,

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