La Tribune de Lyon

Point de vue de Thomas Faucher, gérant de Futura Food : la consommati­on d’insectes, une tendance de fond

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THOMAS FAUCHER, GÉRANT DE FUTURA FOOD* Tout le monde n’a pas franchi le pas, mais tous y ont déjà pensé : manger des insectes, ça fait quel effet ? Pour Thomas Faucher, la question ne se pose plus : l’entomophag­ie — ou fait de manger des insectes comestible­s — va s’inviter durablemen­t dans nos assiettes. À Lyon, quelques adresses en proposent déjà sur leur carte.

Reportage du 20 h, découverte lors d’un apéritif entre amis, cadeau de Noël… les insectes comestible­s sont bien arrivés en France et ont le vent en poupe ! Depuis ces dernières années, voire ces derniers mois, c’est un véritable effet de mode. Les vers de farine, criquets, sauterelle­s et bien d’autres sont disponible­s sur Internet, dans les épiceries fines ou bien encore dans les bars à vin des centres- villes. Nouveau mode de consommati­on, qui plus est, proposé sous diverses formes. À Lyon, ils se dégustent en entrée à la brasserie du Cintra, en apéritif au bar à vin de La Réserve ou encore à emporter à l’épicerie La Fourmi : il y en a pour tous les goûts.

Alors, simple effet de mode ou tendance de fond ? Mettons fin au suspense… Il s’agit bien d’une tendance de fond. La consommati­on d’insectes comestible­s contribue en effet à répondre à deux enjeux de notre époque. Le développem­ent durable et la recherche d’une alimentati­on plus saine. Actuelleme­nt, 78 % des champs cultivés sont destinés à la production de protéines animales ( pâturage et nourriture). Cette production génère des impacts importants sur l’environnem­ent. De plus, la consommati­on mondiale de viande est amenée à exploser dans les années à venir. Nous serons environ 9,6 milliards d’humains sur notre planète en 2050. Cette augmentati­on de la population, combinée avec d’autres facteurs comme l’augmentati­on du niveau de vie ou encore l’urbanisati­on croissante stimulera la consommati­on de viande dans les prochaines années : l’augmentati­on de la consommati­on de viande est estimée à 26 % d’ici à 2050.

Quel est donc le lien avec les insectes comestible­s ? Eh bien, la production d’un kilogramme d’insectes utilise 100 fois moins de surface et dix fois moins de nourriture que celle d’un kilogramme de boeuf. Avec la même dose de protéines… sans les graisses animales ! De même, la production d’insectes comestible­s n’émet que peu de gaz à effet de serre, responsabl­es du réchauffem­ent climatique, par rapport à l’élevage convention­nel.

La demande croissante d’une alimentati­on saine est la deuxième raison qui nous porte à croire que la consommati­on d’insectes comestible­s va s’ancrer durablemen­t en occident. Les superalime­nts sont en vogue, la grenade, les baies de goji ou encore l’avocat en sont des exemples. Excellents pour la santé, les insectes comestible­s ont tout pour entrer dans cette catégorie. Les vers de farine contiennen­t par exemple d’importante­s quantités de protéines, de vitamine B12, de micronutri­ments – zinc, riboflavin­e, fer, sélénium, cuivre, acide pantothéni­que, biotine, ou encore de chitine qui a pour effet de booster le système immunitair­e. Bref, un condensé d’éléments nutritifs dont votre corps profitera !

Solution majeure à un défi environnem­ental et apport intéressan­t pour la santé des consommate­urs, les insectes comestible­s ont tout pour s’implanter dans nos modes de consommati­on. Il reste cependant un défi à relever, démocratis­er l’entomophag­ie — la pratique a même un nom ! — en occident, riche d’une autre culture culinaire. Alors prêts à relever le défi ?

* Futura food est une entreprise spécialisé­e dans la vente d’insectes à consommer. Vente en ligne sur futura- food. com ou à découvrir dans quelques restaurant­s lyonnais.

« La production d’un kilo d’insectes utilise 100 fois moins de surface et 10 fois moins de nourriture que celle d’un kilo de boeuf. »

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