La Tribune de Lyon

Mubyotan : Japon familial

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On peut dire qu’on a de la chance. À peu de chose près, on aurait dû se retrouver à Kyoto pour goûter la blanquette de veau

d’Adrien et Naoko, ce qui n’est ni très pratique ni franchemen­t exotique, ni vraiment remboursé par la comptabili­té du journal. On s’explique : Adrien, Lyonnais d’origine, a convolé avec Naoko, alors qu’il faisait de la biologie moléculair­e et découpait de l’ADN dans une entreprise japonaise. Naoko importait des vins français. Le couple, dans une pure démarche de participat­ions croisées, aurait pu nous refaire Jurassic Park version bourrée. Or, Naoko et Adrien avaient un autre projet : ouvrir un resto. C’était donc « cuisine française au Japon » , ou « cuisine japonaise en France » . D’où la chance d’avoir seulement à gravir les pentes de la Croix- Rousse pour rentrer dans le cadre intime et familial des goûts de l’enfance de Naoko, loin des clichés Pikachu et sushis par Uber eat.

Au cordeau . C’est simple, comme le décor, épuré autour d’une table d’hôtes en U. Notre camarade de tablée, dépitée, nous a expliqué avoir raté encore une fois le filet de maquereau sauce miso, ratissé par les clients primo- arrivants. Mais parmi eux, le critique gastronomi­que des Potins d’Angèle, Harry Cover ( n’insultez pas sa mère, c’est un pseudo) nous assure que c’était bon, tant pis pour notre pomme. On s’est vengé sur le gyudon du jour, du boeuf émincé sur du riz. Cela a l’air banal comme cela, mais tout tient à la sauce, à la découpe du boeuf façon jambon cru et au riz rond japonais, extrait du

rice- cooker exposé en salle comme un objet d’art. Miam attack. On a aussi goûté le curry végétarien, tout aussi simple et enveloppan­t. Au dessert, l’anko maison ( pâte de haricots rouges) avec glace au thé matcha et bille de riz gluant, constitue un des délices de la cuisine martienne. On a bien aimé, aussi, les gestes de Naoko qui aligne les objets au cordeau comme Nadal ses bouteilles au bord du court Philippe Chatrier, ou ce grand blanc caucasien d’Adrien en train de cuisiner et de parler japonais en tenue traditionn­elle. Cela évoque vaguement l’apparition de Chuck Norris dans La Fureur du dragon, même si cela n’a absolument rien à voir. On reviendra aussi pour les fines omelettes roulées aux algues, les aubergines sauce miso et le côté salon de thé. Thés japonais choisis avec précision, et yogashi ( petites pâtisserie­s).

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