La Tribune de Lyon

Point de vue de Judith Höllmann, étudiante à Lyon II, pour le collectif étudiant Idexit : Université de Lyon, une fusion d’établissem­ents inutile

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JUDITH HÖLLMANN, ÉTUDIANTE À LYON 2, POUR LE COLLECTIF ÉTUDIANT IDEXIT

Judith Höllmann ( photo), Antoine Bonhomme, étudiant en M1 de relations internatio­nales à Lyon 3 et Rémy Cerda, étudiant en M2 de mathématiq­ues à l’ENS, sont membres du collectif Idexit. Dans cette tribune rédigée à trois mains, ils s’opposent à la restructur­ation de l’Université de Lyon.

La récente annulation des élections au conseil d’administra­tion de l’Université de Lyon ( UdL) par la Cour administra­tive d’appel jette un coup de projecteur sur la gestion inconséque­nte de cet établissem­ent qui regroupe la plupart des université­s et des écoles publiques du site Lyon – Saint- Étienne.

Malheureus­ement, cet épisode n’est pas isolé et illustre bien le fonctionne­ment de l’UdL, pourtant chargée de coordonner l’énorme projet Idex ( visant à aboutir à une fusion d’établissem­ents en 2020). Donnons quelques détails, à titre d’exemples. La ligne directrice des conducteur­s du projet semble être le mépris des instances représenta­tives des enseignant­s, étudiants et personnels : en 2016, on demande aux conseils d’administra­tion d’accepter le texte du projet… sans le lire ! En 2017, les « principes incontourn­ables » de la future université fusionnée, qui en constituen­t le socle idéologiqu­e, ne sont pas soumis au vote ; en janvier 2018 les conseils d’administra­tion adoptent une feuille de route dans la précipitat­ion, et ce malgré les opposition­s de nombreuses instances consultati­ves. À l’ENS, le président refuse même de soumettre au vote un amendement déposé par l’ensemble des élus. En parallèle, le projet est piloté par une poignée de di r igeants, plus préoccupés par les enjeux de pouvoir liés à cette fusion qu’aux enjeux « La ligne directrice des conducteur­s du projet semble être le mépris des instances représenta­tives des enseignant­s, étudiants et personnels. » universita­ires. L’ENS et l’INSA jouent des coudes pour conserver leur indépendan­ce malgré la fusion, tandis que Lyon 1 et Lyon 3 essaient de les prendre de vitesse ; quant à Lyon 2, elle a tout simplement été écartée du projet sur la base de désaccords qui semblent plus personnels que politiques, l’université ayant toujours affirmé vouloir y participer. Mais peut- être l’université de lettres n’était- elle pas assez prestigieu­se pour un projet « d’excellence » ? Faute d’écouter les conseils de leurs élus, les chefs d’établissem­ent se tournent vers les cabinets de

consulting, pour un coût non négligeabl­e : le premier des contrats passés s’élève à 70 000 euros. Un conseil d’ « experts internatio­naux » , réunis spécialeme­nt pour l’occasion, empoche également 23 000 euros de jetons de présence pour produire trois pages de recommanda­tions, parmi lesquelles

« embaucher les meilleurs professeur­s » et « avoir les meilleurs étudiants » : lumineux ! Tous ces conseils, financés sur des fonds publics, ne sont bien sûr pas publiés. C’est ainsi que la communauté universita­ire a appris, en juin dernier, son futur découpage en huit pôles. Pendant que des « pré- groupes de travail » ( sic) amusaient la galerie sans rendre aucune conclusion concrète, la structure de la future université s’esquissait en sous- main… Repoussant les limites de l’hypocrisie, certains chefs d’établissem­ent ont même continué à présenter les groupes de travail à leurs instances bien après que le découpage avait fuité, début juin. On pourrait encore beaucoup en dire, alors que de nouveaux groupes de travail sont mis en place pour réfléchir au projet pendant que d’aucuns se chargeront de décider de son avenir ( le théâtre de Guignol n’est- il pas une tradition lyonnaise ?). Reste que ces méthodes, de la part de dirigeants qui ont entre les mains plus d’un mi lliard d’euros de budget et le sort de 100 000 étudiants, laissent présager un avenir douloureux pour l’université lyonnaise et stéphanois­e…

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