Sciences et innovation.
Vie privée numérique : MyCo, la troisième voie de l’Internet est lyonnaise
Est- il possible de protéger ses données sur Internet sans se couper du monde commercial, en choisissant ce que l’on veut partager, sans s’exposer à des pubs invasives ni à voir son moindre
clic pisté ? C’est le but de MyCo, plateforme internet sous format de coopérative créée à Lyon par Dominique Morel et Arnaud Blanchard. MyCo offre un écosystème complet : chat sans laisser de trace, mails sécurisés, blog, navigateur intégré. Son compteur permet en outre de voir combien de logiciels espions viennent s’accrocher à votre nuque numérique. Selon les sites, on atteint aisément les 80. Autant de moyens de savoir qui nous sommes, et de vendre ce savoir au plus offrant. Les deux hommes sont pourtant persuadés
qu’entre la monétisation de nos données façon Google et Amazon et un ultracontrôle à la Chinoise, il existe une troisième voie française, européenne. C’est partant de cette envie qu’ils ont lancé cet été MyCo. L’internaute en acquiert une part pour dix euros, et devient ainsi sociétaire de la coopérative, disposant d’une voix à égalité des autres
sociétaires. « De ce point de vue c’est disruptif : on redonne aux internautes le contrôle de leurs données. On ne pouvait pas le faire sous forme de start- up, car nous aurions été rachetables. Le collaboratif garantit l’inaliénabilité de la propriété des données » , décortique Arnaud
Blanchard. « Mais la gratuité, ça ne fonctionne pas. Donc on cherche à créer avec les marques une relation éthique : elles paient pour une mise
en relation qui n’est pas une pub, mais un projet défini selon les intérêts que le sociétaire a bien voulu parta
ger » , reprend Dominique Morel. Les préférences sont donc uniquement partagées sur la base du déclaratif, et le dialogue avec une marque ne se déroule que si l’internaute ouvre la porte. Pour que le réseau ait un intérêt, il devra toutefois atteindre une taille critique. Lancé avec l’aide de l’entrepreneur lyonnais Michel Garcia et d’un investissement de 500 000 euros, MyCo compte 2 000 sociétaires, et vise les 40 000 à la fin de l’année.