PATRICK MARTIN : « JE VEUX DONNER UNE IMAGE MOINS VINDICATIVE DU MEDEF »
Le Lyonnais Patrick Martin est depuis cet été no2 du Medef. Sa fonction : président délégué, symbole du duo étroit qu’il compte former au niveau national avec Geoffroy Roux de Bézieux, pour réformer l’institution en profondeur. Mais Patrick Martin demeure aussi le patron d’une entreprise de 2 600 salariés, le groupe Martin- Belaysoud, basé dans l’Ain. Sa défaite, son ralliement, ses ambitions… Patrick Martin se confie en exclusivité pour Tribune de Lyon.
Entre vous et Geoffroy Roux de Bézieux, c’est un peu le « Gang des Lyonnais » au Medef national, non ?
PATRICK MARTIN : En effet ! Mais je suis né à Lyon « accidentellement » . Mon père, à qui j’ai succédé à la tête de l’entreprise, était de Bourg- en- Bresse et ma mère parisienne. Geoffroy a, lui, toujours vécu à Paris même si ses origines familiales sont effectivement lyonnaises*. J’ai vécu à Bourg jusqu’à mes dix ans, puis je suis monté à Paris pour mes études avant de venir m’installer à Lyon en 1987 pour rejoindre l’entreprise familiale.
Ne considérez- vous pas qu’il existe une forme de management « à la lyonnaise » ?
Oui, nous en parlions justement lors des dernières universités d’été du Medef avec des hommes politiques, des chefs d’entreprise, des intellectuels… Ils s’accordent à dire qu’il y a une alchimie lyonnaise, même rhônalpine, assez particulière. Une sorte de bonne intelligence entre les acteurs publics, privés, qu’on ne retrouve pas forcément ailleurs et qui n’est pas étrangère à la prospérité relative de la région. Nous évoquions ces sujets quand j’avais à ma table Laurent Wauquiez, David Kimelfeld et d’autres figures du monde politique lyonnais… Des discussions qui ne valent d’ailleurs pas adhésion au Medef ! Nous collaborons de longue date. Souvent nous ne sommes pas d’accord, mais au moins on en parle. Ce que je dis pour ces deux élus vaut aussi pour Gérard Collomb, dont chacun sait qu’il ne s’intéresse plus à Lyon ! ( sourire). D’ailleurs ceci n’est pas qu’anecdotique : nous sommes convaincus que ce qui existe ici peut être dupliqué au niveau national. Dépassionner le débat sans capituler sur ses idées, sortir des postures, être moins sous la pression des médias : ce serait très bien.
En avez- vous profité pour reparler avec Laurent Wauquiez qui avait reproché au Medef d’avoir comme seul objectif « d’encaisser l’argent » ?
Non, ce que j’observe c’est qu’il était présent. La page est tournée. Je ne lui en veux pas et il ne m’en veut pas. Mais je redis que cette affirmation est fausse.
Quand vous avez été défait à la présidence du Medef en juin dernier, on vous avait senti très déçu. Vous avez songé à jeter l’éponge ?
Est- ce que j’ai vraiment été déçu ? Oui, forcément un peu, mais pas plus que ça. Quand j’ai décidé de retirer ma candidature, je ne l’ai pas fait de gaîté de coeur, mais je ne me suis pas non plus tapé la tête contre les murs. Au fil de la campagne je me suis rendu compte que j’avais sous- estimé une chose sur laquelle on m’avait pourtant alerté : le poids des réseaux parisiens patronaux, politiques et médiatiques. On m’a dit plusieurs fois que j’étais sûrement le plus déterminé et le plus imaginatif dans mes propositions, mais que j’avais cette faiblesse. Après, dans ces moments- là, c’est soit vous faites dans l’aigreur, la récrimination, le Poujadisme, soit vous prenez acte. Ça a été un cas de conscience : fallait- il aller au bout pour une candidature de témoignage ou bien me retirer sans prendre parti ? Mais cela aurait été la négation de mon engagement. J’ai préféré rallier l’un des candidats. Je me suis donc tourné vers Geoffroy, non pas par manque de respect pour Alexandre Saubot, mais parce que j’étais plus à l’aise avec lui et qu’accessoirement je le