La Tribune de Lyon

LA BAIGNOIRE AUTONOME AU ROBOT- TAXI, COMMENT NAVYA EST DEVENUE « HYPE »

Navya, ce n’est plus seulement la navette qui trace lentement des lignes droites sur les docks de la Confluence. Ses “Shuttles” s’émancipent à Perth, Las Vegas ou encore Hong Kong. Autonom, son robot- taxi, roulera même fin 2018 à Lyon. La société de Chri

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La scène se déroule à la fin d’un mois de juillet 2018 particuliè­rement étouffant : Christophe Sapet, président du

directoire de Navya, sonne la cloche à la Bourse de Paris, tout sourire, aux côtés des partenaire­s de son introducti­on sur Euronext. 37,6 millions d’euros levés ( Navya en espérait plus de 50) et des perspectiv­es de développem­ent très ambitieuse­s. L’entreprise villeurban­naise compte en effet atteindre les 30 millions d’euros de chiffre d’affaires fin 2018, vise les 480 millions en 2021, 500 commandes de ses taxis autonomes et une part de 40 % du marché mondial des navettes. Cette entrée en Bourse marque la fin d’un premier cycle de vie étonnant pour Navya, devenue en quelques années le summum de l’effet « Waouh » . Elle a même conçu cet été avec Usbek et Rica, une revue tendance, un supplément titré Une brève Histoire du futur de la mobilité. Dans cette ville imaginée à l’horizon 2050 : des drones, des trains électromag­nétiques, des véhicules à ultragrand­e vitesse et, évidemment, des taxi- robots électrique­s de Navya. Le summum de la hype, on vous dit.

Voiturette de golf. Pourtant il y a encore un peu plus de quatre ans, le « Waouh » sonnait plutôt comme un « Mouais… » . Le véhicule autonome présenté alors aux pouvoirs publics lyonnais par l’entreprise parisienne Induct ressemblai­t davantage

« à une baignoire autonome » , constate avec un sens de la formule un poil cruel Bruno Bonnell. Le député macroniste du Rhône avait participé en 2014 avec son fonds Robolution Capital ( dont il est sorti depuis) à la reprise devant le t r ibuna l de commerce de Versai l les d’Induct, avec son compère d’Infogrames, Christophe Sapet. Cela faisait quelques années qu’ils avaient repéré l a pépite, sans donner suite. Les deux hommes relancent alors l’af faire dont ils récupèrent les actifs. Navya reprend six ingénieurs d’Induct sur huit et, en un an, sort un nouveau véhicule. Gilles Vesco, ancien élu lyonnais en charge des Mobilités, confirme qu’ « au départ, c’était plus une voiturette de golf, un landau pas fermé. Ça ne faisait pas assez sérieux. La deuxième fois que je l’ai vue, par contre, j’avais compris : Sapet m’a bluffé. » Pourtant la navette Navia ( le « y » sera apporté par le duo Sapet/ Bonnel l) d’Induct était déjà impression­nante. La technologi­e était là, le rêve aussi. Portée par Pierre et Max Lefèvre, c’est pourtant à cette époque davantage un produit d’ingénieurs que de marketeurs. L’ancien maire de Lyon Gérard Col lomb l’enfourche tout de même très tôt et en parle dans sa campagne municipale de 2008. En 2013, il le teste même dans… le tunnel de la rue Terme qui mène aux pentes de la CroixRouss­e. « On avait un projet à la place de l’ancienne ficelle. On se disait : pourquoi ne pas faire un carrousel qui permettrai­t de monter à la Croix- Rousse ? se remémore Gilles Vesco. Il y avait même de la place pour monter les vélos sur le Plateau. » On en connaît qui doivent encore regretter ce “tire- fesses”. Reste que des questions de budget, de normes et de coûts de travaux ont freiné l’enthousias­me lyonnais. Et Induct a fini en capilotade financière. « On a peut- être, en tergiversa­nt, accentué la chute

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L’usine de production de Vénissieux a produit récemment son 100e Shuttle. Depuis 2017, l’entreprise dispose également d’une usine dans le Michigan.

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