Course à pied. Comment Lyon est devenue une place forte du running
Alors que le Run in Lyon rassemblera près de 30 000 coureurs ce dimanche 7 octobre, la course à pied ne s’est jamais aussi bien portée entre Rhône et Saône. Épreuves nombreuses et diverses, chiffres de participation en hausse, tous les voyants sont au vert. Même si l’arrivée tonitruante d’organisateurs privés dans cet univers associatif a quelque peu rebattu les cartes et influé sur la pratique.
Tout l e m o n d e cour t . Certains après l’argent, d’autres après l’amour, le bonheur ou le temps. D’autres
courent tout court. Tombé en désuétude, le bon v ieux jogg ing du dimanche mat i n a retrouvé ses lettres de noblesse depuis quelques années, revenu d’entre les morts à grand renfort de marketing. Dites adieu à la course à pied, bienvenue dans l’ère du running. À Lyon, de nombreuses courses à forte notoriété se succèdent toute l’année. Le géant Run in Lyon, les historiques Foulées de Villeurbanne, la mythique SaintéLyon, les nouveaux formats proposés par les différents Urban trail et la liste pourrait se poursuivre sur des kilomètres avec 93 courses hors stade labellisées par la Fédération française d’athlétisme ( FFA) organisées en 2017 dans le Rhône et la métropole de Lyon. Ajoutez à cela les courses dites fun type Mud day ou Color me rad, bien qu’en perte de vitesse, et vous obtenez un panorama de ce que la course à pied peut proposer comme événements, de la performance à la sortie entre amis en passant par la compétition loisir. La diversité des courses reflète la variété des publics qui y participe. Mais la popularisation du run
ning a également entraîné une recomposition du paysage lyonnais, avec l’émergence d’acteurs privés, l’essor de certaines courses et le recul de la mainmise des clubs sur la pratique.
Prix en hausse. Avec des conséquences comme la hausse du prix des dossards durant la dernière décennie, aujourd’hui plutôt stabilisée mais toujours dénoncée par certains participants. « Il y a eu une augmentation des prix mais cela reste plus raisonnable que ce qui se pratique à Paris ou à l’international , tempère Rodolphe Voiron, directeur de l’école de sport Peyrefitte ( Lyon 2e). Le modèle s’industrialise, se rationalise commercialement. Comme c’est une activité en vogue, il y a une
forte demande » , explique- t- il. En effet, les chiffres du Comité d’athlétisme du Rhône- Métropole de Lyon ne mentent pas : entre 2013 et 2017, le nombre de participants aux courses labellisées par la FFA est passé pour être très précis de 55 180 à 93 027, soit deux tiers d’augmentation. Et la tendance reste à la hausse. Même chose du côté des licenciés. Si la majorité des inscrits aux différentes courses le sont sous le régime du certificat médical plutôt que de celui de la licence, le Comité dénombre 1 227 licenciés running en 2018, soit une hausse de 58 % ces cinq dernières années. Mais cela ne prend pas en compte l’ensemble des licenciés en athlétisme, dont certains peuvent également pratiquer la course à pied en plus des épreuves de saut, de lancer et de marche, soit 1 787 autres personnes en âge de participer à des compétitions de running hors stade, lui aussi en hausse. Saturation. Et voilà le milieu de la course à pied confronté à un problème de riches : « Il doit y avoir
500 courses par an dans le Rhône, on arrive à saturation, pointe Michel Sorine, le directeur général de l’agence lyonnaise Extra sports, organisatrice de la SaintéLyon, des Lyon Urban Trail et bientôt du Marathon du Beaujolais. D’abord ça a été les courses sur routes, puis les trails, même le triathlon aujourd’hui. Tout le monde ne survivra pas. Les gros survivront, les petits survivront, ça risque d’être difficile entre les deux. » Présidente du Comité d’athlétisme du Rhône- Métropole de Lyon, Béatrice Pfaënder acquiesce : « Cela donne un calendrier trop serré sur l’année. Mais cela prouve la bonne santé de ce sport, de la course à pied, du running, du trail. » L’un des exemples les plus éclatants de cette vitalité réside dans les chiffres de fréquentation du Run in Lyon. 33 000 inscrits l’an dernier, pour plus de 28 000 participants effectifs, et la fourchette devrait être équivalente cette année. « Il s’agit de la troisième course de France après le marathon et le semi- marathon
de Paris » , également organisés par Amaury sport organisation ( ASO, groupe L’Équipe), dont Thomas Delpeuch est le responsable des événements grand public.
Vive la concurrence. Pourtant, à la lecture du palmarès des courses sur route — hors trail — les plus fréquentées dans le Rhône et la métropole, aucune autre ne soutient la comparaison, même de loin. Les Foulées de Villeurbanne n’ont ainsi rassemblé que 4 000 coureurs en 2017, dont la moitié sur des distances labellisées
( voir notre carte). Ensuite, une myriade de plus petites courses se partagent le calendrier : Foulée vénissiane, Foulées san- priotes, Foulées de Beauregard ( SaintGenis- Laval), 10 km de Caluire, de Corbas ou de l’Horloge ( Tassinla- Demi- Lune), etc. Comment expliquer ce gouf fre entre le mastodonte Run in Lyon et ces autres événements ? « Lyon propose une belle offre de trails mais se focalise moins sur la course sur route classique, invoque Thomas
Delpeuch. Ce n’est pas facile de tracer des parcours plats à cause de l’urbanisation et du dénivelé. C’est une région qui se prête plus
au trail. » Autre explication selon lui, la très vive concurrence ne laisserait pas suffisamment d’espace pour une autre course de très grande ampleur telle que le Run in Lyon. Il y a aussi les problématiques d’ordre organisationnelles. F o n d a t e u r d u g r o u p e Facebook Courir à L y o n , q u i compte plus de 21 000 membres, Romain Perrier est également d e r r i è r e l a Run’eat, dont la 2e édition a eu lieu en juin dernier. D’expérience, il témoigne : « Jusqu’à 500 coureurs, il est possible de faire du qualitatif. Après tu gères des numéros de dossard, plus des gens. » Et le runner d’ajouter : « Il n’y a qu’ASO qui peut gérer le Run in Lyon. 33 000 personnes c’est énorme, même pour Extra sports qui gère
« Le modèle s’industrialise, se rationalise commercialement. »