La Tribune de Lyon

L’édito de François Sapy

- FRANÇOIS SAPY, DIRECTEUR DE LA RÉDACTION

On entend encore dire beaucoup de mal des “Parigots” dans les rues de Lyon. Les prix de l’immobilier montent ? C’est la faute aux Parisiens. Les petits bistrots perdent de leur âme et les commerces traditionn­els sont remplacés par des boutiques de bobos ? C’est la faute aux Parisiens. Il n’y en a que pour Paris à la télé ? C’est la faute aux médias parisiens. Et pourtant, tout est faux. Ou presque. L’enquête très fouillée réalisée par notre journalist­e Romain Desgrand montre bien qu’en analysant froidement les chiffres, tous ces fantasmes ne tiennent pas la route. Ainsi, les “immigrés” parisiens représente­nt moins de 3 % des transactio­ns immobilièr­es dans la métropole. Ce ne sont donc pas eux qui font monter les prix, contrairem­ent aux idées reçues. J’utilise le terme immigré à dessein,

car je pense que ce sont les mêmes ressorts qui conduisent à rejeter “l’étranger” parisien que ceux qui amènent à mettre tout le mal du monde sur le dos de ceux “qui ne sont pas d’ici ”. Il est étonnant de voir à quel point cette culture de l’entre- soi était solidement ancrée dans l’élite économique lyonnaise au début des années 2000 : je ne compte plus le nombre de personnes qui m’ont expliqué que le projet de Tribune de Lyon, lorsque nous l’avons repris à la barre du tribunal de commerce en 2006, était promis à l’échec parce que nous n’étions pas lyonnais depuis douze génération­s. Ils ont eu tort.

Comme, d’ailleurs, ceux qui pensent qu’il y a trop de Parisiens à Lyon ont tort. Au contraire : il n’y en a pas assez. Il en faudrait bien plus. Quand l’Insee constate que Paris se vide de ses habitants et que Lyon en gagne chaque année, c’est la preuve que notre métropole est dynamique et qu’elle attire des talents. Reste que nos dirigeants sont à la croisée des chemins.

Si nous voulons que Lyon conserve ce supplément de qualité de vie, tout en continuant à gagner des habitants attirés par son dynamisme économique, il faut agir de façon forte sur le logement. C’est l’une des principale­s raisons qui conduisent les Parisiens à quitter leur territoire : le prix des logements. Si rien n’est fait et si on laisse les excès du marché immobilier perdurer à Lyon, la ville va s’engorger et ses habitants iront voir ailleurs. Le pouvoir rétorquera qu’agir sur le prix des logements, cela coûte très cher à la collectivi­té. À ceux- ci, je réponds que ne pas agir, cela coûte plus cher encore.

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