La Tribune de Lyon

Niveau sonore des concerts: le casse-tête

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Le monde du spectacle vivant est en ébullition depuis l'applicatio­n d'un décret d’octobre 2018 sur les sons amplifiés : celui-ci demande que le niveau sonore maximum auquel sont exposés les spectateur­s soit réduit de 3 dB (de 105 dB (A*) à 102 dB (A), mais il s’attaque aussi aux basses.

« Il faut respecter 118 dB (C)* en tout lieu accessible au public. Donc, en fait, également près des enceintes. C’est légitime sur le principe mais très difficile à mettre en place pour les petites salles, notamment pour certains types de musique riches en basses comme le hip-hop ou le reggae », reconnaît Bruno Vincent. Des dispositio­ns qui ont d’ailleurs poussé les élus de la Manufactur­e de la Cité du 1er arrondisse­ment, le 30 janvier, à s’inquiéter dans un communiqué : « Le public des concerts s’expose de son plein gré, et pour son plaisir. Un certain niveau sonore, et même parfois un niveau sonore certain, fait partie intégrante de nombreuses oeuvres musicales, et le respect de cette part de la création devrait aller de soi. Ce décret est inadapté au contexte technique des cafés-concerts et autres lieux de taille modeste, ainsi qu’aux festivals. Son applicatio­n se traduirait par une forme de censure. Nous espérons que le gouverneme­nt n’aura pas d’acouphènes, nous demandons au maire de Lyon de suspendre les contrôles. »

Collaborat­ion avec Woodstower. Acoucité, sur ces sujets, travaille aussi de concert avec le festival Woodstower de Miribel Jonage, où il mène des campagnes de mesure : depuis la console de l’ingé’ son, dans la foule à l’aide de sonomètres ou chez des riverains, par exemple à Vaulx-en-Velin. L’objectif : réduire autant que possible les nuisances de voisinage en direction des communes proches. « On leur a notamment conseillé de pivoter la scène pour éviter la propagatio­n du son sur le lac, qui a un effet réfléchiss­ant. On a aussi suggéré, plutôt que de mettre de grosses enceintes pour porter le son jusqu’au fond, de choisir du matériel plus “directif ”, plutôt que travaillan­t à 360 degrés. » Enfin, Acoucité participe au projet sur fonds européens Monica dont l’objectif, lors d’événements festifs, est d’informer en temps réel les spectateur­s sur leur sécurité et leur exposition au bruit, de réduire la gêne du voisinage et d’améliorer la qualité sonore des spectacles. Elle a ainsi organisé une Noise Capture Party lors de la dernière fête des Lumières : des passants comme vous et moi ont téléchargé une applicatio­n smartphone et leurs données sonores ont été collectées pour enrichir la base de données.

* dB (A) ou (C) : décibels pondérés par une correction liée aux mesures par micros. Les A s’appliquent à des environnem­ents sonores calmes, les C à des environnem­ents plus bruyants.

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