La Tribune de Lyon

Éducation. Les opposants à la grande Université jouent leur va- tout

- ÉLISE CAPOGNA

Voici deux ans, l’Université de Lyon, communauté de 12 établissem­ents, remportait le financemen­t Idex (25 millions d’euros annuels) délivré par un jury internatio­nal en lien avec le ministère de l’Enseigneme­nt supérieur. L’objectif ? Bâtir d’ici 2020 une université unique sur le site de Lyon Saint-Étienne. Accepté de justesse, le projet de regroupeme­nt lyonnais a bénéficié d’une période probatoire de deux ans pour élaborer ses statuts et distribuer les rôles dans la nouvelle entité (allocation des ressources, budget, recrutemen­t…). Un processus bousculé par le retrait de Lyon 2,

l’intégratio­n de Lyon 3 et la prise de distance de plusieurs écoles comme Sciences Po Lyon ou l’Entpe. Résultat : les statuts n’ont pas encore été votés. Dés pipés. De quoi donner du grain à moudre aux opposition­s qui se rassemblai­ent vendredi dernier à la Bourse du Travail. « Nous avons l’impression d’être face à un rouleau compresseu­r, juge Claude Danthony, membre du CA de l’ENS et épine dans le pied de l’Université de Lyon, qu’il affronte régulièrem­ent au tribunal administra­tif. Les grandes université­s intégrées sont une doxa que personne ne remet en question ». D’où la difficulté pour

les syndicats de mobiliser sur ce thème. Car si la future grande Université inquiète réellement, elle suscite aussi des espoirs. « Ceux qui espèrent obtenir des moyens se trompent. Seules les filières sélectives jugées prestigieu­ses seront abreuvées, quitte à assécher les autres », argumente Claude Danthony. Les contours flous de l’édifice suscitent moins de critiques que la méthode de constructi­on. « La direction passe seulement

par des communiqué­s », déplore un professeur de l’Insa. Des voix du côté de Lyon 3 et de l’ENS lui font écho. Malgré la mise en place de trente groupes de travail intégrant étudiants et personnels et la promesse d’un pacte social, les craintes ne se dissipent pas. « On a l’impression de devoir jouer à un jeu dont on ne connaît pas les règles », souffle un enseignant de Lyon 1. Les rares certitudes ne font que nourrir les peurs : celle d’une direction autoritair­e (le dossier de candidatur­e Idex évoque « un pilotage central fort autour d’un président doté de fortes prérogativ­es exécutives ») ou la fin du modèle facultaire incarné par les filières sélectives et les « dérogation­s » au Code de l’éducation permises par l’ordonnance du 13 décembre 2018. Les syndicats exigent que l’ébauche des statuts, prochainem­ent dévoilée par les hautes instances de l’UDL, soit soumise à un référendum dans les établissem­ents.

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Les opposants à la future grande Université, qui réunira cinq établissem­ents de Lyon et Saint-Étienne, dénoncent une concertati­on de façade.

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