La Tribune de Lyon

Critiques. Les Oiseaux de passage, de Ciro Guerra et Cristina Gallego - Terra Willy, planète inconnue, d’Éric Tosti - Chamboulto­ut, d’Éric Lavaine

- OLIVIER BACHELARD

Après le sublime et hypnotique Étreinte du serpent, Ciro Guerra signe un nouveau récit poétique et violent sur la naissance des cartels colombiens. Le film, étalé sur une vingtaine d’années, dresse un portrait surprenant de tribus aux codes de conduite ancestraux, peu à peu remis en cause par l’irruption de la violence. Les Oiseaux de passage fascine dès sa scène d’ouverture, danse de séduction avec ses magnifique­s effets de drapés rouges, filmée par une caméra immersive tournoyant jusqu’à l’épuisement. Assez captivant dans sa descriptio­n des fonctionne­ments de clans voisins, le réalisateu­r montre l’évolution de ces tribus vers le monde occidental. L’herbe plus verte ailleurs. Peu à peu, le film s’éloigne de la nature, la famille centrale passant d’humbles constructi­ons en forêt à une symbolique maison en dur. Tiraillés entre tradition et désir de pouvoir, les personnage­s prendront eux aussi une dimension presque mystique, au fil de cette fresque hors normes opposant producteur­s des forêts et vendeurs. Très beau graphiquem­ent, Les Oiseaux de passage imprime durablemen­t quelques images dans l’esprit d’un spectateur fasciné, depuis les colonnes d’ânes chargés de balles de marijuana jusqu’aux pattes mouvantes d’un des nombreux oiseaux qui jalonnent l’histoire. Tirant son récit vers une dimension symbolique, Ciro Guerra semble en oublier cependant le destin de la famille centrale, et surtout de la femme qui tire les ficelles, ayant pourtant de quoi glacer le sang.

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 ??  ?? Les Oiseaux de passage, de Ciro Guerra et Cristina Gallego (Colombie, 2 h 05). Avec José Acosta, Carmiña Martínez, Jhon Narváez…
Les Oiseaux de passage, de Ciro Guerra et Cristina Gallego (Colombie, 2 h 05). Avec José Acosta, Carmiña Martínez, Jhon Narváez…

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