À l’affi che. Karine Locatelli : elle fait battre le choeur des enfants
Chef choeur de la Maîtrise de l’Opéra de Lyon, Karine Locatelli présente cette semaine un opéra pour les enfants et avec des enfants.
Le choeur a ses raisons
C’est parce que l’un de ses professeurs l’avait poussée à se former à la direction de choeur, comme complément à sa formation de direction d’orchestre, que Karine Locatelli est littéralement tombée dans les choeurs. La jeune femme fait alors ses classes au CNSMD, avant d’avoir l’opportunité de diriger la maîtrise de l’Opéra de Lyon. Ce que cette clarinettiste de formation aime particulièrement dans le chant, c’est sa spontanéité et son naturel : « N’importe quel enfant peut chanter, il n’y a pas besoin d’avoir une technique de fou au départ ». Une spontanéité qui est d’autant plus forte chez les plus jeunes : « On sait tout de suite quand ils ne sont pas emballés. Ce qui nous pousse à être toujours plus exigeant avec nous – même pour trouver les bons outils pour les motiver ».
Famille nombreuse
Si les places d’entrée sont chères, une fois que les enfants ont intégré la maîtrise, elle devient comme une seconde famille. « À force de se voir tous les jours, on finit par se connaître par coeur », raconte Karine. Grâce à des horaires scolaires aménagés, la centaine de petits chanteurs vient se former tous les jours, de la primaire à la terminale. Pour la chef de choeur, c’est un plaisir de suivre l’évolution des enfants au fil des ans : « On finit par faire confiance à certains enfants les yeux fermés ». Mais par son exigence, la maîtrise peut aussi créer quelques déceptions, comme lorsque certains ne sont pas assez prêts pour être distribués dans l’opéra ou que les jeunes garçons muent. Karine doit alors être là pour les accompagner. La maîtrise a même créé cinq places spécialement destinées aux garçons très doués qui ont mué et veulent plus tard être chanteurs lyriques.
Faux sang et solidarité
C’est Karine qui a eu l’idée de monter les Enfants du Levant, un opéra d’Isabelle Aboulker spécialement conçu pour les enfants. « L’intérêt de cette oeuvre c’était aussi de les faire jouer, certains ont de vraies tirades de théâtre ». Malgré le thème lourd de l’esclavage des enfants, les jeunes artistes s’amusent et adorent ça. Comme pour l’opéra Mefistofele, présenté cet hiver : « Ils voulaient tous jouer les angelots égorgés par Mefisto, ça les amusait de faire gicler du faux sang ! ». Pour Karine, si la maîtrise est exigeante, les enfants doivent avant tout « s’éclater ». La chef de choeur reste persuadée des bienfaits de la chorale, une bonne école pour être à l’écoute de l’autre et apprendre la solidarité tout en s’amusant.