La Tribune de Lyon

Tawhid Chtioui

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: « Le futur campus d’Emlyon sera le lieu de rencontre des intelligen­ces. »

En deux ans, il a implanté la branche d’Emlyon au Maroc. Mais depuis le 1er avril, Tawhid Chtioui a pris ses quartiers à Lyon pour remplacer celui qui l’avait sollicité pour bâtir le campus sur la Marina de Casablanca : l’ancien directeur général Bernard Belletante. Fraîchemen­t nommé, le jeune et ambitieux quadra expose pour Tribune de Lyon sa vision de la plus grande école de commerce lyonnaise. PROPOS RECUEILLIS PAR ÉLISE CAPOGNA

Vous venez de prendre les commandes d’EmLyon le 1er avril après avoir dirigé le campus de Casablanca durant deux ans. Quelle leçon tirez- vous de cette expérience ?

TAWHID CHTIOUI : Lorsque Bernard Belletante m’a présenté cette aventure en Afrique, j’ai d’abord dit non. Et puis j’ai visité Emlyon à Écully et j’ai compris que cette école avait une avance sur tous les établissem­ents dans lesquels j’ai travaillé. J’avais encore beaucoup à apprendre et c’est cela qui me motive avant tout. Mais je savais que je prenais un risque avec Casablanca. Nous étions seulement trois au départ pour porter ce projet. Aujourd’hui il s’agit de l’un des meilleurs employeurs du Maroc car nous sommes reconnus par les acteurs locaux pour la contributi­on que nous apportons à la vie sur place. Personne ne veut d’une école qui s’installe pour facturer 10 000 euros par étudiant et repartir. Nous avons contribué à la société marocaine contrairem­ent à d’autres écoles qui se contentent de délocalise­r leurs diplômes sans assurer la qualité française aux apprenants sur place. De quelle façon est- ce qu’une école de commerce peut s’insérer dans la société ? Au Maroc, le système éducatif est très inégalitai­re. Le taux de chômage à la sortie de l’université est de 26 %. Les femmes sont éloignées du marché du travail. Nous avons tenté de répondre à ces problèmes en créant des bourses. Au niveau architectu­ral, l’école est ouverte sur l’extérieur tandis que la plupart des établissem­ents là- bas sont derrière de hauts murs. L’idée était d’être le partenaire des acteurs locaux. Nous ne voulions pas être un concurrent mais apporter notre plus- value. Par exemple, nous avons encouragé les publicatio­ns scientifiq­ues sur des contextes spécifique­ment africains car ce n’est pas en dupliquant le Mooc Entreprene­urship de Harvard que l’on apprend à entreprend­re en Afrique. Les logiques de travail sont éminemment différente­s. Début 2019, c’est Bernard Belletante qui vous a sollicité pour le remplacer et vous avez été choisi à l’unanimité par le conseil d’administra­tion. Est- ce que vous marcherez dans les pas de votre prédécesse­ur à Lyon ? La vision que nous portons ensemble est l’une des plus avancées dans le paysage des business schools en France voire en Europe. Je défends donc le même projet que Bernard ( Belletante, NDLR) mais j’empruntera­i des chemins différents. Je pense que je consacrera­i beaucoup plus de temps aux équipes. Le projet éducatif et humain doit être clair pour susciter l’adhésion. Dans l’enseigneme­nt supérieur, la dimension humaine est capitale : nous suivons les étudiants de leur entrée jusqu’à leurs éventuels changement­s de carrière. Il faut trouver l’équilibre entre les logiques financière­s, l’excellence académique et la préservati­on de cet aspect humain. Mon client, ce n’est pas l’entreprise qui recrute ni même les apprenants mais la société tout entière. Je dois penser à notre responsabi­lité et faire en sorte que toute notre communauté Emlyon intègre ces valeurs de tolérance et d’agilité. Nous en avons plus que jamais besoin dans l’entreprise. En 2022, Emlyon aura déménagé dans le quartier de Gerland ( Lyon 7e). À quoi ressembler­a ce nouveau campus ? Ce ne sera pas un campus mais un hub ( plateforme en anglais, NDLR). C’est- à- dire un lieu de

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