La Tribune de Lyon

Le coin du droit.

AMÉLIE DADON ET NICOLAS MARTIN- TEILLARD AVOCATS • DROIT PUBLIC ET PROPRIÉTÉ INTELLECTU­ELLE • FIDUCIAL LEGAL BY LAMY • LYON 3e

- PROPOS RECUEILLIS PAR PAULINE LAMBERT

L’utilisatio­n du nom d’une ville dans le cadre d’une marque

Si la métropole de Lyon est titulaire de 69 marques utilisant le nom de la ville de « Lyon » dont la récente demande : « Lyon cité internatio­nale de la gastronomi­e » déposée le 22 janvier dernier, qu’en est- i l de l’acteur privé qui souhaite utiliser le nom d’une ville à des fins économique­s ? Pour cela, les entreprise­s doivent être particuliè­rement vigilantes à ne pas enfreindre les prérogativ­es d’une collectivi­té territoria­le sur son nom ou sa renommée. Est- il possible pour une entreprise de déposer le nom d’une collectivi­té ? En soi, le nom d’une collectivi­té territoria­le ne constitue pas un signe indisponib­le réservé à cette personne morale de droit public. D’ailleurs, certaines collectivi­tés n’ont pas déposé leur nom à titre de marque. L’idée étant que le nom d’une commune, d’une métropole, d’un départemen­t ou d’une région puisse être utilisable par tous les acteurs du monde économique. Toutefois, une telle utilisatio­n ne doit pas avoir pour effet de porter atteinte au nom de la collectivi­té ou de créer une confusion avec son identité, pouvant ainsi être qualifiée de pratique commercial­e trompeuse. L’affaire Laguiole est un bel exemple. La cour d’appel de Paris a annulé, début mars, vingt marques « Laguiole » propriété d’un entreprene­ur qui les uti lisait pour commercial­iser toute une gamme de produits souvent importés. La cour a ainsi estimé que de tels dépôts avaient privé la commune et ses administré­s de l’usage du nom Laguiole nécessaire à leur activité et ainsi clairement porté atteinte aux activités, à l’image et au nom de la ville. Une collectivi­té est- elle informée de l’utilisatio­n de son nom au titre d’une marque ? Pour éviter les abus, depuis la loi Hamon du 17 mars 2014 et un décret du 15 juin 2015, les col lect ivités territoria­les et les établ issements publics de coopératio­n intercommu­nale ( EPCI) bénéficien­t d’une procédure d’aler te pour les demandes d’enregistre­ment de marque contenant leur dénominat ion. Aussi, à la d i f férence d’un tiers qui doit avoir une démarche proactive pour connaître les publicatio­ns des demandes de marques qui vont être enregistré­es, les collectivi­tés bénéficien­t d’une véritable informat ion préalable leur permettant d’user plus facilement de leur droit d’opposition au dépôt de la marque. Comment se déroule cette procédure ? Il s’agit d’un service gratuit qui permet aux collectivi­tés de recevoir des alertes lorsqu’un dépôt de marque contient leur dénominati­on et de former opposition dans un délai de deux mois à compter de la publicatio­n de la marque. Par principe, l’alerte est émise par l’Inpi à la collectivi­té dans les cinq jours ouvrables suivant la publicatio­n du dépôt d’une demande d’enregistre­ment de la marque contenant la dénominati­on de la collectivi­té ou le nom de pays concerné.

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