La Tribune de Lyon

Cocotte, la cuisine à la braise

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De la cuisine préhistori­que au camp scout, du boucané des pirates et de Gengis Khan au barbecue Weber, le goût du fumé est inscrit dans notre arbre génétique. Ce tout nouveau restaurant ( placé à côté d’un bureau de tabac, mais cela n’a rien à voir) cuisine majoritair­ement à la braise. Le coeur nucléaire de Cocotte se présente sous la forme d’un four profession­nel à l’apparence normale, sauf qu’à l’intérieur cela rougeoie joliment. Les Enfers en terrarium, pour résumer. Le chef Massimilia­no Monaco, flamboyant de son nom magnifique et d’un look de peintre impression­niste y introduit des pièces de viande entière, à partager, aussi bien que du poulpe ou de l’artichaut. Cet antre de Vulcain équipé d’un extracteur à faire pâlir

chez Dyson joue cependant dans la finesse. Le fumé produit par la braise laisse sur les aliments une empreinte légère tout en ménageant des textures à la fois grillées et fondantes. Comme nos tentacules de poulpe accompagné d’un mesclun, d’un demi- citron passé au barbecue, allez hop tu vas prendre un peu le chaud comme tout le monde, et de courgettes marinées, à l’escabèche, une spécialité napolitain­e majeure, au même titre que la pizza ou le culte de Maradona.

Vinophile et vertueux.

Cocotte est l’irruption, dans ce qui fut un petit rade de quartier, d’une petite galaxie d’établissem­ents parisiens que l’on qualifiera­it de bistronomi­ques, brancho- compatible­s, vinophiles et vertueux : Jaja, Glou, Grand coeur ( une carte établie par Mauro Colagreco, 3- étoiles et classé 1er au 50 World’s Best Restaurant au Mirazur à Menton), pour les plus connus. Cela ne veut pas dire que ces Parisiens ( de retour d’exil pour l’un) se prennent pour le couvercle de la marmite – de la cocotte, pardon. Ils ont gardé l’ancien bar, ère formica, et en entrée du jour il y avait une tourte de pintade et champignon­s – d’une étonnante légèreté malgré sa posture hors saison. La côte de cochon Prince noir de Biscay ( Gascogne) et carottes rôties, la terrine aux foies de volaille et pickles, se concentren­t sur la simplicité, les beaux produits et la recherche de goût. Une sorte de « bistronomi­e rustique » , qui se glisse à l’aise dans le monde contempora­in avec un gravlax de truite, lait d’amande et citron caviar, par exemple. Service élégant et sympathiqu­e de Paul Lacroix, carte des vins qui pousse vers le naturel, sans passer au galop. On y retourne très vite.

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Paul Lacroix ( à g.) au service, et Massimilia­no Monaco à la braise.
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