L’édito d’Antoine Comte
Inquiétant et plus qu'écoeurant ce relent des années trente que nous prenons en pleine face depuis quelques semaines à Lyon. Après le tweet antisémite visant le président de la Métropole de Lyon, David Kimelfeld, – heureusement condamné avec force par une grande partie de la classe politique lyonnaise –, ce climat nauséabond qui continue de ternir considérablement l'image de notre ville a sans doute franchi un nouveau cap le week- end dernier : celui de la honte.
Alors que les supporters algériens fêtaient dans les rues de Lyon la finale remportée par leur équipe nationale en Coupe d'Afrique des Nations face au Sénégal, une vingtaine d'individus vêtus de noir, encagoulés et armés de battes de baseball, s'en sont violemment pris des supporteurs des Fenechs aux cris de « sales bougnoules » . Un passage à tabac clairement raciste qui rappelle les heures les plus sombres de notre histoire, et qu'il n'est plus possible de voir se reproduire dans une cité humaniste et ouverte depuis toujours sur le monde. Il faut donc agir vite car la dissolution, il y a quelques années, de plusieurs groupuscules de l'ultra- droite du Vieux- Lyon n’a pas suffi. On le voit bien aujourd'hui, ces fous furieux sont toujours bien actifs et ils peuvent frapper à tout moment. Mais comment agir et ne pas demeurer impuissant face à de tels actes ? Cela commence par condamner dans ces colonnes les propos d'élus lyonnais qui prennent un malin plaisir à mettre de l'huile sur le feu. « La France devient- elle une annexe de l'Algérie ? J'espère que le Sénégal gagnera, car autrement le terrain de jeu va déborder du stade » , avait tweeté la centriste Fabienne Lévy quelques jours avant la rencontre. Un dérapage presque aussi ignoble que le post de la conseillère régionale RN Agnès Marion : « Cette nuit, la France des homards a regardé la France des kebabs piller la France des jambon- beurre… »
Il est vraiment temps d'agir.