La Tribune de Lyon

Richard Brunel, la bonne nouvelle

- LUC HERNANDEZ

C’est tout à l’honneur de Gérard Collomb que d’avoir choisi Richard Brunel ( en médaillon) pour diriger l’Opéra de Lyon. Un metteur en scène, ce qui est finalement assez rare à la tête des opéras, qui selon le maire de Lyon « traduit la même innovation que celle du recrutemen­t de Serge Dorny en

2003 » . Il a bien raison : en dix ans à la tête du CDN de Valence qu’il va quitter à la fin de l’année, Richard Brunel a su innover, tant par des formes de spectacles itinérants que par une programmat­ion « transdisci­plinaire » audacieuse, dont pas mal de danse contempora­ine, avec la venue en exclusivit­é française d’artistes aussi importants que Krystian Lupa ou Patrice Chéreau, excusez du peu. Ses qualités de manager et de gestionnai­re ne seront pas de trop pour affronter un paquebot comme celui de l’Opéra de Lyon et ses 370 salariés. Mais il a aussi mis en scène des opéras, grâce à un certain Serge Dorny qui fut le premier à lui donner sa chance dans ce domaine, partageant le goût pour des oeuvres à redécouvri­r, comme L’Empereur d’Atlantis d’Ullman ( photo), composé dans les camps de la mort, ou plus récemment Le Cercle de craie de Zemlinsky.

Paresseux de carrière.

Richard Brunel a aussi mis en scène La Traviata en Allemagne, Béatrice et Bénédict de Berlioz à la Monnaie à Bruxelles ou Les Noces de Figaro au festival d’Aix- en- Provence, secondé par Chantal Thomas, la décoratric­e attitrée de Laurent Pelly, invité régulier de l’Opéra de Lyon. Bref, selon les classifica­tions obsolètes de quelques conseiller­s zélés du ministère de la Culture qui ont tardé à valider sa nomination, si Richard Brunel vient du théâtre, il a bien déjà un pied dans l’opéra. Et d’ici à septembre 2021, date de sa prise de poste officielle, Serge Dorny ne manquera pas de lui transmettr­e une bonne partie de son carnet d’adresses et de son art consommé de la coproducti­on. Plutôt que d’aller chercher un paresseux de carrière comme il y en a tant à la tête des opéras, ce choix audacieux pose a priori une forme d’équation de transition parfaite : adoubé par Serge Dorny, soutenu par l’ensemble des collectivi­tés territoria­les ( Ville, Métropole, Région) qui ont su s’unir intelligem­ment pour l’imposer en douceur à l’État.

CDI.

Manager fiable et metteur en scène défricheur, Richard Brunel s’annonce comme le profil idéal pour « assurer une liaison cohérente et efficiente » et poursuivre « le rayonnemen­t, les projets innovants et l’ouverture de l’opéra sur son territoire » . Avec en prime une probable économie réalisée par les pouvoirs publics, au moins sur son salaire… qui reste encore à négocier, comme la durée de son contrat : Serge Dorny était en effet à l’époque un des derniers directeurs d’institutio­n culturelle à bénéficier d’un CDI…

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