La Tribune de Lyon

Lieux et gens de pouvoir. Insécurité : ces habitants qui veulent peser sur les élections municipale­s - Villeurban­ne, Prosper Kabalo met le grappin sur Didier Vullierme… et une ex- LR

- RODOLPHE KOLLER

Presqu’île en colère, Guillotièr­e en colère, Gerland en colère… La liste des rassemblem­ents de riverains se plaignant d’incivilité et d’insécurité croissante­s dans leur quartier s’allonge. Après les concerts de klaxons de la rue Édouard- Herriot ( Lyon 2e), ce sont les trafics et bagarres de La Guillotièr­e ( Lyon 3e) et les rodéos motorisés du boulevard Yves- Farge ( Lyon 7e) qui ont poussé les habitants à se réunir afin d’interpelle­r les pouvoirs publics. Et ces initiative­s font des petits puisque Jean- Macé, le Vieux- Lyon et le 8e arrondisse­ment s’apprêterai­ent à entrer dans la danse. Lancé au mois de mars, le collectif Presqu’île en colère a été le premier à se constituer sur Facebook. Pour le meilleur, en étant « reçu dans les 15 jours par le maire du 2e ( Denis Broliquier, NDLR), la police municipale et nationale » , puis plus tardivemen­t par le président de la Métropole de Lyon David Kimelfeld, le directeur de cabinet du maire de Lyon Gérard Collomb ou encore la préfète du Rhône déléguée à la sécurité Emmanuelle Dubée. Mais aussi pour le pire, avec l’émergence de commentair­es racistes, xénophobes ou complotist­es.

Procédure collective.

« Nous n’avons jamais incité à la haine, se défendent Sarah Bodhuin et Pauline

Grosjean, à l’origine du collectif. Nous avons toujours appelé à passer par le dialogue, la voie judiciaire. On a aucun intérêt à stigmatise­r qui que ce soit. Que ce soit Pierre, Paul, Jacques, Charles- Édouard ou Ahmed, on est tous embêtés de la même façon. Nous ne sommes pas un mouvement politique, mais nous dénonçons l’inertie du pouvoir politique. » « Inaction » que le collectif a choisi de contester par la voie légale au travers d’une procédure, amiable dans un premier temps, jusqu’au mois de décembre. « Nous visons la Mairie centrale et la Préfecture à qui nous demandons 100 € de dédommagem­ent par plaignant, soit 1 € par soir pour 50 weekends pendant un an » , posent- elles.

« Sentiment d’abandon » .

De l’autre côté du Rhône, La Guillotièr­e en colère est née le 18 septembre sur le modèle du collectif de la Presqu’île, en choisissan­t la voie associativ­e. « Cela nous ouvre la porte du CICA ( Comité d’initiative et de consultati­on d’arrondisse­ment, NDLR) qui permet aux associatio­ns de rencontrer des élus, explique sa cofondatri­ce Nathalie Balmat. Avant cela, chacun avait fait des démarches auprès de la mairie, sans succès. » Les appels au 17 ne donnent pas plus de résultat à l’en croire : « On nous répond : “Déménagez. On a des consignes, on ne peut rien faire ” » . Cette habitante du quartier depuis 26 ans affirme avoir vu l’ambiance changer récemment : « Je n’ai jamais eu peur à La Guillotièr­e, maintenant j’ai la trouille » , assure- telle. Et la riveraine de pointer les célébratio­ns de la Coupe d’Afrique des nations ( CAN) en juin dernier, émaillées de violences, comme « goutte d’eau » , en plus de l’interdicti­on devenue monnaie courante des manifestat­ions en Presqu’île, détournant les rassemblem­ents vers le quartier. Sensation renforcée dit- elle par « un sentiment d’abandon » .

Thème de campagne.

Comme dans le 2e arrondisse­ment, l’associatio­n a cependant été rapidement reçue pour l’adjoint au maire en charge de la Sécurité Jean- Yves Sécheresse et la maire du 7e arrondisse­ment Myriam Picot. « Les élections arrivent » , grince Nathalie Balmat. Pourtant c’est bien sur le scrutin de mars 2020 que compte la militante afin d’attirer l’attention. Méthode qui porte ses fruits puisque le candidat LR à l’Hôtel de Ville, Étienne Blanc, s’est rapproché du collectif. Au- delà des habitants, qui récoltent pour l’heure plus d’attention que de solutions, c’est bien la droite lyonnaise, au travers du thème de campagne de la sécurité, qui pourrait profiter de la situation.

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