Lyon à l’heure brésilienne
Ils sont créateurs de mode, chefs cuisiniers ou sportifs stars. Leur point commun ? Tous sont nés sur l’autre rive de l’Atlantique, au Brésil. Par hasard, volonté ou parfois même par erreur, ils ont jeté l’ancre à Lyon, où ils ont finalement choisi de rester. Loin des tropiques, ces expatriés du pays de la samba ont imposé leur style au coeur de la cité, portés par leur optimisme infaillible. Tribune de Lyon est allé à la rencontre de ces personnages solaires qui pour rien au monde ne voudraient repartir.
Son accent envoûtant caresse les mots et les entraînent dans des paysages d’océan et de sable chaud. « Je n’ai pas choisi Lyon. C’est Lyon qui m’a choisie. » Dans sa charmante boutique showroom de la rue Bossuet ( Lyon 6e), Tatiane Gomes retrace le parcours qui l’a conduite des rivages de l’état de São Paulo à la capitale des Gaules. Mariée depuis seulement six mois, elle a débarqué au bras du footballeur brésilien Cris, recruté à l’Olympique lyonnais en 2004. « J’étais “conjoint suiveur” » , plaisante- t- elle, consciente du caractère « un peu ingrat » de l’expression. « J’ai quitté le Brésil en totale insouciance, sans parler un mot de français. À notre arrivée nous vivions en plein centre, quai Saint- Vincent. J’ai voulu tout de suite m’immerger dans la ville, sa culture, son histoire. On me disait que les Lyonnais étaient froids mais j’ai choisi de ne pas avoir d’a priori. Je parlais avec tout le monde, sans avoir peur de faire des erreurs. » Depuis, « Tati » a fait du chemin. Lyon l’a même inspirée. C’est, en effet, ici qu’elle a créé sa marque de maillots de bain et d’accessoires de plage haut de gamme, Tatiane de Freitas, de son nom de jeune fille. « J’avais commencé des études de mode au Brésil et c’est devenu une évidence pour moi de mélanger ma culture du maillot de bain et les savoir- faire lyonnais en termes de textile et de tissage » , expliquet- elle. Et ça marche. Ses modèles se vendent aujourd’hui à travers le monde dans les boutiques d’hôtels de luxe et les grands magasins.
Littéralement amoureux. Le nombre de Brésiliens qui, comme Tatiane, ont posé leurs bagages dans la région lyonnaise est estimé entre 4 000 et 5 000. « Il n’y a pas de statistique officielle. Le chiffre fluctue notamment en fonction de l’effectif des étudiants. Aujourd’hui, on remarque que de plus en plus de cadres viennent s’installer en famille » , pose Olivier Costa, consul honoraire du Brésil à Lyon ( lire interview). Parmi ces expats, certains sont parvenus à se hisser dans les plus hautes sphères de la ville. Le plus célèbre des exemples s’appelle Juninho. Originaire de Recife, métropole côtière, celui que l’on considère comme l’un des meilleurs joueurs de l’histoire de l’OL a fait son grand come- back cette année en tant que directeur sportif du club. Dans un autre registre, Tabata Mey est parvenue à se faire une belle place dans le très réputé univers de la gastronomie lyonnaise. Après avoir ouvert Les Apothicaires dans le 6e arrondissement avec son mari Ludovic, l’ex- candidate de Top chef née à Rio de Janeiro, a été choisie ( toujours avec sa moitié) pour redonner vie à La Tour Rose avec l’ouverture d’un food court prévu pour début 2020. Les raisons qui poussent ces natifs du pays du carnaval et du ballon rond à s’installer à Lyon varient au gré des histoires personnelles et des vicissitudes de la vie. Mais tous semblent être, tôt ou tard, tombés sous les charmes de la ville des Lumières. « Le retour de Juninho a fait beaucoup de bruit. Il est revenu à Lyon, bien sûr, pour le foot mais aussi parce qu’il se sent bien ici » , commente Olivier Costa qui est quant à lui franco- portugais. Le constat est le même pour son ancien coéquipier Cris, le mari de Tatiane. « On est littéralement